Tout au creux du vent

Tout au creux du vent

 

 

 

Il a la prestance d’un puissant
D’un décideur, d’un grand
Mais dans son cœur
Seul le fiel coule mieux
Que le sang.
 
La brume est déchirée
L’aurore ne fait pas semblant
Belle et même joyeuse
De couleurs et reflets
Reflets de non-temps.
 
Il boîte, son bâton est noueux
Comme son visage est vieux.
Des sillons parcourent
Sa déchéance
Le froid s’y glisse encore mieux.
 
Le puissant et sa cour
Voient  l’ancêtre boiteux
Les regards sont furtifs
Et le nez vers le haut
Vers le trône et l’éminent
 
On se croise…
 
Le sourire du vieux
Ferait presque peur
A tous ces importants
Mais il sait le donner
Alors ils ont peur d’aimer
Et recroquevillent leur âme
De peur d’être blessés,
Réfugiés dans la rancœur
De leur isolement.
 
Le bâton du vieux
Tape fort sur le sol
Un coup, deux coups,
Trois coups
Le peu de neige s’envole
Et la cour bouffonne
Ouvre de grands yeux
D’étonnement.
Un relent nauséabond
S’insinue et glisse
Et colle aux beaux habits
De la cour des grands.
 
 
Ca se bouche le nez,
Ca vomit presque
En se retenant
Ca sort les mouchoirs
A dentelles
Agités
Par l’écœurement.
 
 
Dans leur tête aux décors somptueux
Une simple phrase pendant
Un court moment :
Cette odeur est votre orgueil
Il n’est qu’un piteux géant.
 
Le vieux a dépassé les grands
Il s’arrête devant une chaumière
Et attend.
La petite fille aux cheveux d’or
Sort en souriant,
Les mains pleines de petits pains
Elle s’avance vers lui
Et attend.
Il sourit en la regardant.
Elle en fait autant.
 
De ces quelques  pains,
L’enfant a nourri
La beauté de l’âme
Et du grand feu dedans
Elle a senti elle a su
Que le petit vieux
Avec son visage de vieille pomme
Pourrie
Et habillé de haillons
Avait quelque chose de grand.
 
Plus loin en arrière,
La haute cour des faux-semblants
Eructe du fiel
Et vomit sur le blanc.
Ca tache la neige
C’est horrible d’être grand
Quand à l’intérieur
Même le cœur c’est du vent.
 
 
 
L’un d’eux jette un regard en arrière
Mais il n’y a plus personne.
Le mendiant a disparu
Son bâton seul
Sur le sol blanc.
Il est parti se ressourcer
Il est tout simplement
Dans le cœur de l’enfant.

Date de dernière mise à jour : 05/07/2021

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