Ricochets

Ricochets 

 


J’ai un coin de ciel bleu
Avec quelques nuages blancs
Pourquoi donc 
Apportez-vous les orages
Et le feu ?

J’ai un coin de rivière
Paisible et sereine
Pourquoi donc
Faites-vous couler
Le sang ?

J’ai des amis plein le cœur
Avec des rires
Et des couleurs
Pourquoi donc
En faites-vous
Des combattants ?

J’ai des mères
Portant leur enfant
Qui dort et rêve
Cœur contre cœur
Pourquoi donc
En faites-vous
Des veuves ?

Les hommes immobiles
Dans les champs d’horreur
Ce sont des fils,
Ce sont des pères,
Ce sont des parents !
Pourquoi donc
Leur offrir le néant ?


J’ai des sols riches
Terres fertiles
Pour semer le blé
Et même des fleurs
Et pourquoi pas 
Y faire pousser des joies,
Des chants à l’unisson
Pendant les moissons.
Pourquoi y semez-vous
Des monuments aux morts ?

J’ai des chanteurs,
Des peintres,
Des artistes en tout genre
Rêvant de merveilleux,
D’un Monde heureux,
A travers leurs créations.
Pourquoi donc 
Les ignorer tant
Quand ils dénoncent la guerre
Ils disent nous sommes tous frères !
Pourquoi donc ricanez-vous
Vous les envoyez aux combats
Ils seront héros
Couverts de gerbes fleuries
Sur le monument
Près de la mairie
Pourquoi donc les avez-vous empêché
De créer ? 

J’ai des murmures
A peine devinés,
Dans les temples, les églises,
Pourquoi donc
Montez-vous sur l’estrade
Pour vociférer
Des colères et des haines,
La lourdeur de vos chaînes
Frappant les innocents !
Pourquoi donc
Ecoute-t-on les cris
Pourquoi donc
Tant mépriser la Vie
Pourquoi donc bercer l’enfant
Pour un peu plus tard
En faire un cadavre
Au regard hagard
Sous la pluie, sous le vent,
Tombé dans un champ ?

J’ai des provisions d’éternité,
Des breuvages d’amour,
Des petits coins d’été
Des terres à labour
Pour y semer la magnificence
Pour démarrer la danse
Jusqu’au bout de la nuit
Pourquoi donc 
Ne pas répondre à l’invitation ?
Pourquoi ne répondez-vous pas ? 
Pourquoi ?
Oui pourquoi ?


J’aurai des secrets
A vous dévoiler
Mais pour les entendre
Il faut bien comprendre
Ce que veut dire
Eternité 

Viens mon enfant
Allons vers la faconde
Du Silence
Ils pataugent dans l’immonde
Ils vivent l’obsolescence

Et l’enfant arrivé à la rivière
Jette un caillou au ras de l’eau
Un peu comme s’il m’aidait
A jeter tous nos maux
Sur l’autre rive
Déjà une aurore
Alors qu’ici avec l’enfant
Nous sommes dans l’obscurité
Sur l’autre rive,
Des chants d’oiseaux,
Des printemps bénis,
Des femmes, des hommes,
Et des enfants qui rient
Et d’autres qui dorment
Dans des bras en collier
Ils ont tous avancé 
Avec la Certitude
Vers l’avenir-présent
Embrassant la nouvelle Aube
Avec des larmes d’enfant

Le murmure me revient,
Doux et certain :
Cela sera bonheur
Pour ceux qui le boiront 
Cela sera douleur
Pour ceux qui le refuseront


Michel Labeaume

 

Michel Labeaume
 

Date de dernière mise à jour : 11/03/2025

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