Le grand festin
Ce n’est qu’une onde à peine esquissée
Sur le grand miroir de l’Etant.
Ce n’est qu’un léger signe
A peine bougeant
Sur le lac de l’Aimant.
Ce n’est qu’un simple sourire
Dans le regard de l’enfant
Quêtant des miettes
Ce n’est qu’un brin de lumière
Au fond des pupilles
Du petit syrien
Dans les bras de ses parents
Et qui va mourir
Par la faute des grands.
C’est aussi le cri déchirant
De l’oisillon dans les crocs
Du chat.
Mais ce n’est surtout pas
Quelque actionnaire
Au rictus de gros con
En voyant le pognon
Qu’il va palper
Ignorant les ouvriers
Les bras ballants
Fatigués mais encore
Motivés
Pour les brandir haut et fort
Dans les rues anonymes.
C’est aussi l’agonie de la gazelle
Prise dans les grilles félines
Mais ce n’est surtout pas
Quelque politicien
A la langue de bois
Triturant son impatience
De se voir plus grand.
Alors que le R du mot
N’est pour l’instant qu’un L
Et je pense sincèrement
Qu’il va y rester.
C’est aussi la chute de l’arbre
Plus que centenaire
La tempête l’a décidé
Mère Nature n’a pas le choix.
Mais ce n’est surtout pas
Une économie en or
Florissante comme un beau toit
Et cirée, choyée, nettoyée
Par des ouvriers qui n’ont pas le choix
Et piétinée par des patrons
A l’étage au-dessus,
Je ne voulais pas la rime
Avec ces trous du cul
Mais mon âme est révoltée
De voir tant d’aveugles
Et de malvoyants
De boiteux et de manchots
Qui veulent leur part
Ignorant qu’elle est en eux
Il suffit de s’ouvrir
Et ils en seraient servis
Et croyez-moi pas qu’un peu.
C’est aussi la toile de dame épeire
Qui est comme un diamant
Posée dans l’écrin de l’Aurore
Scintillante de rosée.
C’est aussi ce ruban de brume
Qui donne une touche de magie
Sur l’onde sereine et enjolivée
Par un soleil souriant.
C’est aussi ce sourire
De vieille maman,
Qui regarde avec amour
Les jeux des petits
Et pleure ceux des grands.
C’est aussi ce regard du mendiant
(On doit dire SDF)
Mais la Terre est sa demeure
Bien trop vaste et secouée
Alors je dis mendiant
Car s’il tend sa coupelle
C’est moins pour avoir une pièce
Qu’un simple toit.
C’est aussi ce regard d’émoi
Qui assiste au grand spectacle
De la Vie
La souffrance en est la foi
La mère en est l’abri
C’est aussi cette simple graine
Si petite et si bien façonnée
Qu’elle contient tout l’ Uni-Vers
Et sait comment le toucher.
Mais ce n’est pas cet imbécile
Qui la veut en argent
Son âme est dure
Comme un menhir d’antan
Celle de la graine
Est plus qu’un diamant.
Et peut-être vont-ils réussir
A nous pondre une guerre
D’aucuns se frotteront les mains,
C’est facile
Quand elles ne tiennent pas d’armes
Leur poids est dans les larmes
Qui vont être consolées,
Sacralisées,
Fortifiées !
Sacrifiées !
Marbrées,
Flammées par de grands préfets !
Claironnées !
Chantées !
Les larmes de la Gloooooooooooooooooooire !
Pour la grandeur obscure
Des manipulateurs de l’Ombre
Qui agissent sans encombre
Dans l’esprit des lourds
Et des soumis
Les uns sont dominants
Leur mental est bien pris,
Les griffes ont tout leur temps.
L’homme utopise
Ce qui lui appartient en propre
Et les ombres sournoises
Silhouettent leur festin.
M.L.