Incognito
La raison de la déraison
A eu raison
De la raison
Le sable du désert noir
S’est incrusté dans les rouages
Tout grince
Les graveleux graisseux
Engraissés
A la gravité
Grossissent
Grandissent
Gravissent
Gravissimes
Pourtant des embruns de liberté
Sont encore visibles
Dans les yeux
De celles et ceux
Voyant déjà
L’horizon de l’indicible
Pendant que les médias pitbull
S’acharnent sur ces déserteurs
Horizons fric
Horizons croissance
Horizons PIB
Permettent d’effacer
Les populations oubliées,
Massacrées,
Assoiffées, affamées
De nourriture et d’humanité
Noyé décapité
Assassiné
La mort de l’homme lourd
Est au rabais
Soldes d’été
Les larmes des petites gens
Ont bien plus de valeur
Que le coffre-fort rempli
D’un dominant
Mais le temps
Le temp l’étant
Létal et présent
Passé décomposé
Dans le fumier des éminents
Viens Ahmed le migrant
Viens danser dans mon jardin
Il n’est pas bien grand
Mais il y a du soleil
Il y a des fruits
Il y a du bon temps
Viens toi qui meurt
Dans les bras de ta maman
Je sais qui va t’accueillir
Et te soigner
T’aimer
Au-delà du temps
Ils ignorent la vie
Ils ignorent la mort
Ils crépitent
Comme du bois sec
Dans le brasier
De leurs supplices
Je recueillerai une larme
Une seule
Une seule larme de ta maman
Et je la donnerai
Au rosier oublié
Du terrain vague
Du terrain en friche
Nous traversons un incendie
Allumé par un pyromane-humanité
Afin de brûler
Les pesanteurs du passé
Cautériser
Greffer
Soigner
Chrysalide
Avant l’imago
Le grand envol vers la liberté
Le grand éclat de rire
De l’homme délivré
Prenant par la main
L’enfant
La femme le vieillard
L’impatient le trainard
Cortège des cortèges
Sur une plante bleue
Derrière le soleil levant
Une autre lumière d’océan
Clin d’œil souriant
D’une source enfin pouvant
Abreuver cette humanité
Délivrée du temps
Michel Labeaume
1.09.21