Deux hérétiques

Deux hérétiques

 

Une citadelle de pierres,

Il en faut des canons,

Il en faut des boulets,

Une citadelle du refus,

Beaucoup de silence,

Et le germe du verbe aimer,

Pas plus.

Tous deux traversent

Sans faire de dégâts,

Alors que c’est dans les gravats

Fumants

Que le Silence devient grand.

Et que peut s’installer

Le germe oublié.

Dans les palais immenses et dorés

On cogite, on étudie,

L’impasse est si grande

Qu’elle ne paraît pas être

Ce qu’elle est.

Viens avec moi l’ami,

Prenons la liberté

De sortir de l’enclos.

Sais-tu que certains

Vont nous traiter de lâches ?

Ce n’est que la peur

Rien d’autre que la peur

Mais alors,

Dit l’ami

Si la peur est là,

C’est qu’elle-même

Est une porte fermée

Mais bien plus encore,

Une porte, simplement.

Qu’il suffit d’ouvrir

Pour voir et admirer

Ce long chemin vers soi-même.

C’est le germe oublié,

Murmure le compagnon.

La clé est si simple à façonner

Qu’ils ont blindé la porte.

Mais quelle est donc cette matière

Pouvant empêcher la corolle de s’ouvrir

Si ce n’est le refus

Qu’est-ce donc ?

Et l’ignorance fait baisser les têtes

L’oubli germe des peut-être

Même si au fond de soi-même,

L’enfant endormi

A dans sa main le germe de vie

Attendant un seul geste

De celui qui ne veut plus

Se plier aux dogmes et aux lois

Et veut bâtir sa foi

En quittant la citadelle

Où des satrapes obèses,

Ecrasent leurs cigares

En rotant le champagne.

 

Au fin fond de la campagne,

Le compagnon et son ami,

Deux silhouettes glissant

Dans le soir

Avec dans le cœur le germe

Du oui

Et l’enfant éveillé

Qui semble si heureux

Que son rire est éclat

D’un horizon de feu.

 

M.L.

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