Où es-tu Liberté ?
Je me suis levé,
J’ai donné à manger au chat
J’ai bu un café
Et bien décidé
Je suis parti là-bas
Là-bas, autour du Monde
Où les affronts à la Vie
Inondent
De sang et de cris
Les rues, les plaines
Les champs fleuris
Je suis allé dans un village
Tout près de Kiev
Une mamie sort de sa maison
Avec un seau
Pour arroser ses fleurs.
Au coin de ses yeux,
Des larmes séchées
Pour son fils,
Sans nouvelles,
Cela fait des mois
Cela fait un bail
Alors que tout près la mitraille
Irrigue d’acier
Les champs d’horreur.
Je suis allé dans un village
Près de Moscou
Boire un café avec des fous
Croyant dur comme fer
A la fin de toutes les guerres
Et qu’ils allaient un jour
Danser avec leurs frères ukrainiens
Autour d’un feu de joie
Les yeux remplis d’émoi.
Je suis allé en Birmanie
Discuter en silence
Avec la résistance
Contre l’horreur des puissants
Perdus dans leur pouvoir
Devoir de mémoire
Ou dépasser le néant ?
Je suis allé au Yémen
Pour y rencontrer la haine
La haine somnambule
Tueurs ridicules
Les mères portent leur enfant
En leur donnant à boire
Des larmes salées
Sur des bouches desséchées
Je suis sorti du Pays
Sans un mot,
Sans un cri,
En tenant par la main
Un petit orphelin
Sortir du néant
Ce n’est pas rien.
Je suis allé en Chine
Rencontrer des Ouïghours
Juste un petit tour
Pour voir sur les visages dévastés
L’horreur des puissants
Partis les enfants
Mais aussi des parents
Vers un immonde inconnu
Leur terre n’en peut plus
Les jeunes ne jouent plus
L’espoir ne tient qu’à un fil
Prêt à casser
Sous le poids du sabre
Jours fébriles
A guetter le bout de la route.
Je suis allé là
Où le sol a été foulé
Par un Maître
Mais aujourd’hui les maîtres
Parlent l’acier
Ils croient dur comme fer
A la raison de la guerre
Alors qu’on l’a trop citée.
Combien faudra-t-il de morts
Pour enfin partager ?
Je suis allé
Dans ces pays
Ultra nationalisés
Exhibant des poings
Exhibant des chaînes
Prêts à tout casser
S’enfermer dans la haine
Où es-tu Liberté ?
Je suis dans le champs semé
Dans les fleurs de printemps
Le fou rire des enfants
Dans le feu l’hiver, humble cheminée
Je suis dans le chant des oiseaux,
Même celui des corbeaux
Tout ce qui est emporté
Par les ailes d’aimer
Au-delà des horizons,
Au-delà des moissons,
Je suis le fruit à croquer.
Je suis dans la lumière des pleurs
Des mères éperdues
Portant leur petit qui n’en peut plus
De survivre à l’horreur.
Je suis dans le pas tranquille
De l’humble promeneur
Qui a brisé sa montre
A cassé son sablier
A vendu son horloge
Et voilà qu’il s’arroge
Le droit d’éternité.
Je suis dans les galaxies
Et encore bien plus loin
Là où l’œil humain
Ne peut rien deviner
Sans qu’il ouvre son cœur
Pour sentir vibrer
Les firmaments des hauteurs
Où tout est encensé.
Viendras-tu Liberté ?
J’ai revêtu mon habit de fête
Pour le grand défilé
Quand l’Humanité sera prête
Je serai en tête
Avec tous ces ressuscités.
Et encore
L’Afrique, tout un continent
Gangréné par l’argent.
Tous ces peuples
Qui meurent à petits feux
Sous la cendre des dieux
De l’’aveuglement.
C’est aussi
Un petit enfant noir,
Ne pesant pas lourd
Face aux fléaux,
Mais qui saura dire un jour
Que le mot amour
Il n’y a rien de plus beau
Où es-tu Liberté ?
Je suis dans l’œuf
Ils veulent m’étouffer
Mais que peuvent ces vieilles utopies
Face à ma nouvelle réalité
Que la Colombe paisible
Vient de féconder.
Michel Labeaume
23.01.24