L’autre Graal
L’Histoire
La Grande Histoire
Des tourments
Des déboires,
Des mémoires façonnées
Sur des hauteurs climatisées
Les scribes étaient muets
Les territoires rangés
Dans des conservatoires
Instruments à dominer
Répartitions hors de portée
La clé est soufflée
Par des ténors,
Des Vocifer
Et des virtuoses
Aux harangues ciselées.
Le Futur sera-t-il
Aurores ou Horreurs ?
Ou les deux conjuguées ?
L’autre Graal
Est à deviner, pressentir,
Enfoui dans nos entrailles
Gardé secret
Par notre ego
(Et l’Histoire)
Mais impossible à effacer.
Cet autre Graal à conquérir
Enfoui dans notre intuition
Est à la fois flambeau,
Bâton de pèlerin,
Audace identitaire,
A conquérir non avec l’épée
Mais avec le Verbe
Retrouver une portion du chemin,
S’y aventurer,
Ô Toi itinéraire
De mes pensées,
De mon vouloir,
Mon ardent désir
De conquérir
Mon identité !
J’ose.
J’ose avancer
Traversant les mensonges,
Les erreurs des pouvoirs
La soif qui les ronge
Blasphématoire
J’ose avancer
Traversant les foules
En cris, en larmes, en sang,
Effleurant la mère,
Effleurant l’enfant,
Même l’homme terreur
Qui est dans l’erreur
Même la mère,
Même l’enfant.
Je gravis les montagnes
De débris, de ferrailles,
Au sommet, je plante un arbre
Je continue
J’effleure le marbre
Des monuments
Des anonymes
Morts en instruments.
….
Des taches de larmes
Sur le marbre blanc,
Le marbre gris,
Le marbre noir,
Pierre des mémoires
Je continue
Mon Graal se dévoile
Un peu plus chaque jour
De mon voyage
Accentuant ma certitude
L’espoir est devenu poussière
Soufflée par Eole
Pour mieux voir le chemin
Bordé de savoirs
Comme des corolles ouvertes
M’offrant le Nectar
De la Connaissance.
Je n’ai plus d’épée
Alors j’aiguise mon sourire
Aux pauses enchantées.
Je traverse des aurores
Des crépuscules,
Des rêves plein de chants
Et des réalités
Pleines de champs semés.
Les chaînes sont brisées,
Les murs de la honte
Pour les pierres
Les pierres pour des abris
Des abris pour des sourires
D’enfants rescapés
Je suis sur ce chemin
Comme avançant
Vers un Appel si loin
Mais qu’importe le temps
Qu’importe la longueur
Quand dans mon dos la main s’est posée
Pour me dire :
Va ! Vers ton éternité.
Le Graal est dans mon cœur
Je sais Qui l’a posé.
Michel Labeaume