Sur Certitude
Prévisible ou non ? Cela ne l’était pas je pense. Il faut toujours espérer qu’un jour l’homme-pouvoir, le dominant, réussisse à faire émerger des tréfonds de son ego l’humilité. Or cela n’a pas été le cas. Jusqu’au bout il n’a compté que sur le bien-fondé de ses initiatives. Ses directives. Ses désordres. Ses conflits. L’omnipotence de sa majesté. Le résultat est là : En ouvrant les portes de son palais, il n’a pu que constater les dégâts. La Terre n’est plus qu’un sol désertique partagé entre deux saisons : inondations et sécheresses. Les médias se taisent. Leur association phorétique avec le pouvoir se disloque. Ils n’osent plus faire ressortir l’ignorance et l’incompétence des peuples. Et pour cause ! Ceux-ci se sont unis. En convois de la liberté, ils se sont dirigés vers un territoire épargné. Appelons-le Demain. Ou Certitude. Détachés complètement des politiques ancestrales et barbares, ils ont choisi de vivre heureux. Et ce n’est pas rien. Surtout quand on voit un blanc prendre la main d’un migrant, pour l’aider à se relever. Ou cette image d’un anonyme (fini le temps des peoples sur papier glacé) portant un petit enfant noir en train de croquer dans une pomme (souvenez-vous le fruit du pêché !). Cabochard comme aucun autre, un journaliste-rémora tente une incursion. Avec ses questions discrètes et son obstination il est vite repéré et poliment mais fermement, il est prié de quitter les lieux. Il n’aura même pas eu le temps d’assouvir sa soif pour un article trompeur.
Et voilà notre rémora, piteux, repartir tête basse rejoindre ses requins de pouvoirs auxquels lui et ses congénères avaient l’habitude de se coller, fidèles sbires, affidés pernicieux. Ce soir au palais, ce sera soupe de sable. Sur Certitude, on fait bombance au milieu des chants et des musiques alors qu’un ruban orange se dépose à l’horizon, prémices d’un firmament d’étoiles scintillantes comme jamais.
M.L.