Dès cette Aurore
Il sut dès lors saisir non seulement l’eau des rivières répandue comme un bienfait mais aussi ses trésors de lumières éparpillées en vagues et brindilles auréolant ainsi le prodige. Ni trop tard, ni trop tôt. L’instant est l’instant. Sublime et vertueux. Il sut dès lors saisir non seulement les chants d’oiseaux dans les charmilles mais aussi le frissonnement des feuillages en une chorale vivante et invisible. Et à laquelle se permettait d’oser toujours ces lumières jouant à se poser ici ou là comme des fruits dont le vivant ajoutait à la magie. Ni trop tard, ni trop tôt. L’instant est l’instant. Sublime et vertueux. Il sut dès lors balayer son angoisse face à l’infini des dunes, courbes presque sensuelles lovées dans cet écrin de silence. Alors, touchant de son âme vibrante cette Présence clamant sa grandeur et l’offrande de ses itinéraires, il étreignit ce désert comme on étreint son avenir avec ses deux mains. Et voir fleurir au gré des passages tant de fleurs de lumière et d’oasis cristallines. Ni trop tard, ni trop tôt. L’instant est l’instant. Sublime et vertueux. Il sut dès lors braver l’appréhension de l’horizon mouvant, comme un maître au loin, sur le seuil de sa chaumière aperçoit l’élève en souriant et sait dans quelle embarcation il montera pour traverser les flots et les déferlements. Eux aussi jouant avec des saillies de lumières, zébrures transperçant sans blesser les crêtes et leurs chorégraphies. Ni trop tard, ni trop tôt. L’instant est l’instant, sublime et vertueux. Il sut dès lors être audacieux en gravissant les chemins menant à des sommets de légendes. Sans baisser la tête. De l’humilité, la grandeur n’en est pas friande. Sans trop lever le regard. Cheminer à son allure en remerciant le moindre caillou qui, s’ajoutant aux autres, permettra ainsi de contempler de ces sommets les Aurores nouvelles et les crépuscules dédiés. Il sut dès lors, en pèlerin, quel feu brûlait dans s’acheminer, incendiait d’une force sourde une joie qu’il devait contenir tant elle pouvait l’écarteler, le briser en des milliers d’étincelles tombant sur le bord du sentier. Il sut, dès lors, en finir avec ces courses effrénées, n’ayant même pas le temps de leur dire, à tous ces consommateurs consumés, qu’ils étiolent et perdent dans leurs précipitations ce flambeau qui, dans leur cœur, brûle pour des sommets et non des podiums. Il sut dès lors, trouver son Olympe où Déesses et Dieux bienveillants, ayant laissé dans le chapitre désormais clos des mémoires akashiques les Guerriers divinisés et leurs sempiternelles luttes, murmurent entre deux pauses sur les parcours d’éternité, la seule traversée à embaumer de sa joie, celle qui mène à Soi-même.
M.L.
31.12.2019