J’y allais confiant même si un tant soit peu comme marchant sur des œufs. Et c’est quelque chose qui restera en moi, pour toujours. La première image qui me vient est celle de tous ces sourires. Nous étions une petite quarantaine ; assis en cercle, calmes et sereins. De lectures en méditations, de pauses en chants (l’instant sous la coupole a été indescriptible), de rires en lectures, l’énergie nous envahissait. Aucun d’entre nous je pense ne sait exactement comment ce travail s’effectue dans notre âme, notre corps. On ne sort pas intact de cette forge, épées de Certitude, prêtes à trancher le mental et à signifier à Hamlet, encore hésitant : Tais-toi, Etre nous sommes, bien au-delà de l’espérance, bien au-delà de la croyance. La foi est ébranlée et la tête de mort au bout du bras de l’hésitant tombe à terre. Le silence clôt la question. Le Silence est la réponse. Chacun d’entre nous, à la mesure de son parcours karmique, est passé sur l’autel de l’opération consistant à la fois à un grand nettoyage et à poser l’Outil. Nous venions d’horizons divers et nous nous sommes quitté face à un seul horizon printanier, unique, seul et formidable futur qui émergera de ce Monde de la Croix. Nous n’étions lors de ces deux jours à Sainte Anne d’Auray que de simples âmes dans des corps hésitants et petit à petit, de jours en jours suivant, l’Etre se lève en nous et là où la magie de l’Amour opère, c’est par le dénouage de l’écheveau que se déroule l’habit de l’Unité. Il faut quand même une force certaine pour le revêtir, acquise petit à petit, au gré des souffles de l’Inspir.
Sainte Anne a été un foisonnement de pétales de roses et Dieu sait qu’elle n’était pas seule car en Haut, tout en haut de l’Olympe immuable, des nuées de sourires étaient à l’unisson avec les nôtres. Il va sans dire que la corolle que nous formions, dans cette petite salle, restera gravée dans son Silence qui la décore.
M.L.
La Rose
Sa Force n’avait d’égal
Que Son Amour.
Je le sentais ce parfum caressant
Parfum de Renouveau .
J’y baignais.
Sur le velours de mes pétales
Couraient des frissons
De joie.
J’en pleurais.
Mes larmes sur moi
Etiraient leur lumière.
Puis vint l’instant
Du détachement.
Son Souffle me brisa.
Un pétale s’envola, puis deux, puis trois.
Je fus écartelée par une Joie céleste,
J’étais imbibée de Son Amour.
A présent, je fleuris avec Lui
Pour toujours
Dans l’éternité.
Mauritanie 1990