Vertu des brises

Vertu des brises

Pour beaucoup, c’est une lourde roue

Qui tourne et tourne sans cesse

Entre ombre et lumière jusqu’au bout

Semée de si peu de rires et beaucoup

De tristesses.

Mais ils se lèvent bien trop tard

A l’heure où la magie s’est effacée,

La routine est un cauchemar

Parsemé d’ actualités.

Ils devraient bien pourtant

S’arracher de leur sommeil

A cette heure où des fins rubans

De lumières annoncent l’éveil

Des premiers chants.

Là, la routine est absente,

Il s’agit d’une renaissance

Afin de vivre d’autres instants

Les semer d’abondances

Plus que cris et larmes

Pluies de non-sens et drames

Qui habillent les grands.

Las, les puissants sont somnambules,

Ils errent dans les allées du ridicule

Cimetière des crédules,

Même les couronnes ont le poids

De leurs ukases et leurs jugements.

Les rubans de l’aube se font plus grands

Dévoilant avec pastels de douceur

Un jour qui va voir les malheurs

Toujours enterrer les innocents.

Las, les langues de bois comme des piqures

Injectent dans les esprits résignés

Un sédatif qui fera de leur futur

Un énième tour de roue voilée.

Mais je m’obstine à embellir

Autant mes nuits que mes matinées

Car la vie ce n’est pas inscrire

Un nom sur une stèle ouvragée.

J’irai toujours tant que je peux

Cueillir l’instant de joie et de liesse

Avec mon cœur, avec mes yeux

Face à mille allégresses.

La solution pour un monde meilleur

Ne sera plus dans le mental des grands

Encombré de stupide, encombré d’argent

Mais dans le regard innocent

De celui debout, face au levant.

Peu importe qu’il soit

Commerçant ou misérable

Si tous deux ont ouvert la voie

De s’asseoir à la même table.

Ce n’est pas une pièce que tu réclames

Mendiant à la rue, snobé des parvenus,

C’est plus de chaleur pour ton âme

Dans ce foutoir, ce monde perdu

 Où trop d’individus acclament

De sombres malotrus.

Mais j’ai aussi ce murmure qui vient

Me soufflant leurs ignorances

Ainsi pour eux coupé le lien

Qui les relie à la Présence.

Ils crachent sur la colombe

Sont tirés par les chiens

Ayant reniflé dans l’immonde

Un autre parfum.

Gentil, sympa, doux, délicat

Autant de pétales de rose

Arrachés par le patronat

On leur préfère la sinistrose

Avec des ouvriers bougnats

Qui ne demandent pas grand-chose

Un peu de pain, un bol de soupe

Et puis basta.

Mon repas du matin

Un grand bol de lumière

Des pépiements dans les chemins

Des papillons pas peu fiers

De décrire la foi perpétuelle

En ne vivant si peu

Parfois moins d’une journée

Mais qui donc aurait l’audace

De mesurer cette liesse

Emanant de la Source éternité.

Vous courez, vous fuyez,

Vous vous précipitez,

Vous vous hâtez

Et très peu ont entendu

Le silence du pommier

Sous lequel ils se sont arrêtés.

Le fruit est tombé.

Ils l’ont croqué

Puis se sont endormis

Jusqu’à cette belle lune

Les invitant à danser

Pendant que les fous de la fortune

Continuaient à haleter,

Précipités dans l’opportune

D’une vie fabriquée

Par des aveugles et des sourds

Sachant pourtant avec malice

Toujours ameuter.

 Ils croient ces puissants !

Ils croient ! Ils croient !

Ils croient détenir des secrets

Des non-dits, des vérités !

Que feront-ils face à la Création

Et toute sa transparence

Qui est magnificence

Et se désole de leurs étrons.

Le lion s’endormira ivre

De certitude et d’absolu

Il saura le verbe vivre

A son éveil sans barreaux

La cage disparue

Donnera l’envol du papillon

Il saura butiner la splendeur

De sa liberté féconde

Parmi tous ces Mondes

Où l’Amour est foison

Face à l’être Renaissance

Mille et mille aurores à l’orangé

Perlé d’étoiles

Hésitant un court instant

Il se lancera dans l’abîme

Avec un sourire naissant.

Le souffle présence

Portera son audace

Au-delà de l’au-delà

Jusqu’aux puits salvateurs

Où s’abreuvent les pèlerins.

Derrière lui l’immonde

Loin toujours plus loin

Jusqu’à ces mémoires moribondes

Où s’enchevêtrent les « rien ».

Nourri de cette flamme

Le nouveau voyageur

Continuera son Destin

Qui est

De contempler l’Eternité.

L’homme est lumière

L’homme est univers

L’homme prince en ce royaume

Où se côtoient les psaumes

Chantés par ceux-là porteurs

Qui, toujours dans la splendeur

Dansent la fraternité.

La roue tourne.

Ils en font un bulldozer

Mais la graine dans le sol

Est toujours hors de portée.

La roue tourne

Ils en font des tissus de mensonges

Et ne savent plus s’habiller.

L’apparence est l’appât rance

Le mensonge est débraillé.

La roue tourne.

Prisonniers du calendrier.

Michel Labeaume (à suivre)

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