Une fleur dans les décombres

Une fleur dans les décombres

Jusque-là, il était indécent de croire à un autre Monde possible. A d’autres sociétés fondées sur le bien-être plutôt que la soumission à des pouvoirs. Jusque-là. Jusqu’à cet instant d’éveil vécu comme une fragrance de renaissance. Un cri de surprise surgi des entrailles, là où se vivent les émotions, les sensations. Alors on se lève, ou plutôt on se relève avec le dos bien droit. Ne plus courber l’échine. Quand bien même les peuples ont passé des millénaires à subir, parfois sans rien dire, quand ce n’était pas s’allier aux aboyeurs, aujourd’hui, le dos bien droit, chacun de nous devient navigateur et change de cap. L’océan des immondes nous giflera de ses tempêtes. Nous secouera de ses ouragans. Nous savons dorénavant que la foi est à la barre et au-delà, bien au-delà des récifs, des phares trompeurs, des terres de naufrageurs, il y a un horizon. Pur. Il suffit de croire à l’Un possible et aussitôt son Aurore se dévoile à peine en soi. Non comme un espoir. Mais un Savoir. Une balise pour ne pas se perdre, un chant pour rassurer. Cette fin de Monde à vivre ne présage nullement d’une apocalypse, mais d’un grand changement. Nos dominants se sont vautrés dans l’opulence et continuent de plus belle en s’imaginant que nous suivrons sans rechigner (ou si peu) mais quand bien même ont-ils les médias pour insuffler leurs poisons, les distiller à doses savamment orchestrées, notre foi est l’antidote. L’élixir d’une nouvelle jouvence dont la présence en notre Moi porte à dépasser notre regard, à dépasser les plus lointaines galaxies en nous offrant des constellations de sourires. Jusque-là, ils ont cru à cette unique planète habitée. Ont même parfois cru à leur intelligence supérieure, unique. Que peut-on dire de celle-ci quand quelques kilomètres séparent le nabab se délectant du petit enfant mourant de faim dans les bras d’une mère n’ayant plus la force de pleurer. Au sein de cette Création, il est des milliers, des millions de Mondes habités. Evolués. Et tous forment un couronne céleste propre à coiffer l’encensement afin d’illuminer sa beauté. Ce Monde terrestre va entrer comme joyau dans la couronne. Alors messieurs les profanateurs de ce Temple de l’infini, votre moment est venu. Ou vous abandonnez vos calculs sournois pour amasser pouvoir et richesse, ou votre astral sera terrible d’ombres. Que dire de vos intelligences quand on voit leur résultat dans les charniers. Que dire de vos intelligences quand elles ne servent qu’à tromper. Être véritablement riche c’est commencer à nettoyer son regard pour démesurer l’étendue du Merveilleux qui nous entoure. Et par pitié cessez vos compétitions stupides menant droit dans le mur de vos désillusions. Ce n’est pas arriver premier qui compte mais surtout faire le premier pas. Non pour saisir ou brandir quelque trophée mais se placer au sommet de Soi-même et dire Merci.

Dorénavant, il est juste de croire à la fin de ce Monde indécent.

Michel Labeaume

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