Le Vaccin
L’existence, cet instant si bref saturé de remontrances en l’absence d’Essentiel. Où les crimes de guerre légifèrent les crimes de démence. Pestilentielle, cette actualité chargée de mensonges et de non-dits crachés sur des innocents abasourdis par des médias qui prolongent ces insipides salmigondis. Grande puissance ! cette injure gluante collant à la peau des pouvoirs obsolètes faisant miroiter une grandeur fomentée par des avides dans tous les recoins des palais. Ô prairies verdoyantes des printemps germés de la Création, ne nous abandonnez pas. Je suis sûr qu’un jour ils sauront non plus vous voir mais vous regarder, non plus vous écraser avec leurs chars d’assaut, mais vous semer pour offrir aux enfants futurs de quoi illuminer leur âme au lieu de ranimer la flamme aux pieds des monuments. En attendant, ils s’obstinent dans leurs déraisons ces gens de pouvoir voulant faire de l’argent un socle éternel pour accueillir la magnificence de ces héros statufiés dans le déni et l’absurdité. Comment feront-ils pour se vider de leur langue de bois quand ils sauront écouter le Silence des forêts ? Où celui des aurores où rien encore ne vient perturber le doux réveil de la Nature caressée de rougeoiements chaleureux ? En attendant, en attendant, plus leur temps de gladiateurs se prolonge, plus l’impensable peut-être fuit les songes pour se réfugier dans les cauchemars. Mais cela n’enlèvera pas le breuvage de la Certitude qui sait où combler sa soif de les voir enfin sortir de leur décrépitude. En chemin. En chemin, le printemps sème les premiers pétales dans le dédale des itinéraires secrets, offrant aux pèlerins des colliers de corolles. Trois fois rien. Trois fois rien le coût d’essayer. D’oser se lancer dans cet Inconnu qui est là quand tu ouvres ta fenêtre, attendant de te voir naître en osant, simplement. L’initiative est dans la conscience humaine comme un bijou enfermé dans son écrin mais que très peu ont su ouvrir pour l’offrir à leurs demain. Ce n’est pas seulement l’enfant qui vient de naître qu’il faut aimer mais tout ce qui l’a amené à venir ici-bas pour connaître et échanger. Si en attendant que la Vie sot ce fleuve d’air pur qui passe à travers le cœur des hommes, le sang continue sa moisson de germes putrides, sûrement viendra-il ce vaccin qui réveille sorti non des laboratoires banquiers, mais du fin fond de la mémoire où l’instant de l’être est là pour magnifier.
Michel Labeaume