Un pot de miel
Peu m’importe qu’il y ait du vent, des nuages gris et de la pluie. Qu’il y ait de la neige, de la grêle ou du mauvais temps à l’infini, du soleil et du ciel bleu c’est peut-être mieux mais le tout est un tout est c’est la Vie. Je sais cueillir dans le jeu du vent un petit peu de souffle de joie que je bois jusqu’à m’enivrer. Je sais jouer à saisir les devinettes proposées par ces nuées de passage, pèlerins d’un voyage auquel on a dit oui. Je sais pouvoir sauter à pieds joints dans les flaques d’eau, juste un petit saut pour dire au firmament que j’ai réussi à rester cet enfant qui mange du regard le blanc immaculé d’un hiver flamboyant de lumières et de nudité. Je sais regarder en rêvant les grêlons percer les frondaisons et s’écraser au sol et être surpris quelques instants plus tard d’admirer la mésange sortir d’on ne sait d’où, secouer son plumage si doux et entamer son chant du oui. Je sais que l’on peut être heureux quand le temps est mauvais, car c’est là que l’esprit est prospère et peut semer des pensées de couleur et laisser faner ses soucis. Je sais aussi que le froid réunit, dans les chaumières avec un feu qui crépite et l’enfant dessinant sur la buée des carreaux des silhouettes et des oiseaux. Je sais que ma réalité de ce Monde a une vibration hors de portée alors je me fais musicien pour à travers mes mots toucher tous ceux qui ont choisi le requiem comme on n’ose pas changer d’outils pour embellir son jardin. Il semble encore beau, donnant quelques légumes et quelques fruits mais surtout des mensonges, des crimes et des conflits. Ces harangues, ces philippiques contre les poètes, les rêveurs et tous ceux qui veulent vivre avec l’âme et le cœur si elles sont toujours et encore déversées dans les fossés bordant les estrades, elles n’en ont néanmoins que cette valeur sortie de la haine, cette valeur qui enchaîne les tornades et tous ceux qui applaudissent en collusion. Je sais parcourir doucement (je n’ai plus vingt ans mais des centaines et des centaines d’aurores auxquelles j’ai donné cet accord pour en découvrir mille et mille autres encore) mon humble pèlerinage butant parfois sur un caillou mais c’est la Vie et le bâton de la Certitude qui me remettent debout.
M.L. 30/01/2019