Un bouquet

Un bouquet

 

Il n’y a qu’à l’aube que l’on peut cueillir des murmures. Ajoutez à cela deux ou trois brindilles de lumière. Disséminez sur ce bouquet quelques menus morceaux de ramages d’oiseaux et puis s’il y en a, enveloppez le tout dans un ruban de brume.  Surtout participez à la beauté de votre bouquet en faisant autant que possible silence. C’est lui qui en sera le vase. Gardez précieusement en vous cette œuvre, oui car c’en est une, éphémère certes, mais oh combien réelle et vivante. Elle le restera tant que vous l’abreuverez de votre sourire. Jusqu’à la prochaine fois où tout se renouvellera, au gré de vos envies. Nous pouvons très bien faire la même chose avec le négatif que sont la rigueur, la crise, le mécontentement, l’injustice et j’en passe. La seule différence c’est que ces bouquets de noirceur on vous les offre chaque jour. Chaque matin et le plus terrible c’est qu’ils vous sont donnés avec délicatesse, avec sourire (pas la même saveur) et qu’ils vous pèsent sans que vous vous en rendiez vraiment compte. Je vous regarde, vous mes ami(e)s, les anonymes, ce peuple bien-aimé. Je vois vos regards fuyants, vos têtes baissées, votre ego reclus dans sa cage de souffrance. A force de baisser la tête on oublie l’horizon ou alors on ne le dessine que comme l’entrée d’un cimetière. Le cimetière des fatalités. Mais toi mon ami qui marche difficilement avec tes deux cannes, tu es Vivant, tu es toujours une Force, enfouie certes, mais prête à se manifester. Alors va donner la main à celui ou celle qui comme toi ont plié leur volonté sous le joug des forces obscures. Soyez des dizaines, soyez des centaines et pourquoi pas des milliers et habillez-vous de couleurs en proclamant votre unique désir : Être heureux ! Vous voulez en finir avec ces labeurs soumis aux caprices de dominants malades. Vous voulez offrir à vos enfants une Terre bleue et non ces ecchymoses sur Gaïa souffrante. Alors soyez unis, soyez ensemble, dans la joie, dans le rire. Qui que vous soyez, boulangers, ouvriers, artisans, chômeurs, SDF, migrants, donnez-vous la main et montrez à la face du Monde une image de son avenir : main dans la main, toutes et tous unis pour bâtir la plus belle œuvre qui soit : Une Humanité. Et n’oubliez pas de sortir seul, à la moindre occasion, afin d’à l’Aube renouveler votre joie et cueillant ici et là, quelques murmures auxquels vous y ajouterez deux ou trois brindilles de lumière, des parcelles de chants d’oiseaux, le tout noué avec un ruban de brume. Sûrement croiserez-vous une autre personne faisant de même. Et le jour voulu, vous serez des milliers dans la rue, à tendre ces bouquets à tous ceux qui dominent, perdus sur une Olympe dont les fondations se fissurent. Offrez-leur des chansons, des danses et des joies. Tout cela brisera la rigueur d’un seul coup et alors seulement, vous vous tournerez vers l’horizon et le remercierez, d’un simple frémissement. Et l’Horizon se déploiera. Comme un tapis d’étoiles devant un firmament offert à ceux avides de Co-Naissance.

 

M.L.

 

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