Aux papillons
Que ce soit l’hiver ou bien l’été, la Lumière dans laquelle notre âme-ego vibre est hors-saison. Ce n’est pas que ce soit moins cher, mais ça n’a pas de prix. Les uns et les autres avons parcouru tant et tant d’années, voire de siècles, le nez parfois dans la boue mais avec toujours au fond de soi le regard vers l’ailleurs. Nous l’avons toujours senti, comme nombre de nos mères, de nos pères, de nos aïeux et des aïeux de nos aïeux. Nous l’avons toujours senti cet ailleurs et c’est peut-être là l’erreur, de l’avoir nommé ainsi. Cet ailleurs aujourd’hui, nous le découvrons comme un enfant qui se lève au fond de soi, dans nos tripes. Un enfant qui se déploie, comme un arbre immense s’élève, il le peut car il est bien enraciné, s’élève à un autre firmament. Le vrai, finalement. De se revoir de temps en temps les uns et les autres est un pèlerinage vers la Certitude. Nos mains, unies comme la vigne à son tuteur, ne sentent plus rien que la légèreté de cette Présence, fourmillement de réel autant que de Silence. On ne s’était pas vus depuis des mois et de se revoir c’est comme si l’on s’était quittés la veille. Quel est ce lien sans pareil ? Comment peut-on à ce point ressentir la puissance de ce lien qui nous invite et nous permet, à contrario, de naviguer sur les océans de la Joie, de la Plénitude. J’espère que comme moi la plupart d’entre vous ont connu et connaitront encore et encore ces instants suprêmes de joie ressentie, extase entière de l’être abandonné à Celui qui le choie. Le retour à la petite réalité est rapide, telle une chute vertigineuse sur un sol et sans parachute. On se frotte les yeux, pas forcément le derrière mais on a encore des restes de fourmillements gardés dans notre esprit comme un bien précieux. Le pèlerin ne regarde jamais en arrière, sauf pour sourire. Il est peut-être à mille lieues de son départ mais il ignore totalement l’arrivée. J’ai souvent encore des crises de colère intérieure face aux égarements de nos dominants. C’est le Bélier, le bélier qui ne prend pas le temps. Et pour se libérer de cela, il faut le vomir…Au seuil d’une Aube il y a tant et tant de couleurs et de magies, de présence et de vie, qu’y rester sans rien dire en ne faisant qu’admirer, laisser aller ses pensées comme un ruisseau qui les emporte, et se fondre dans la théurgie salvatrice de l’âme osmosée. Grandir tout en restant enfant, prendre de la distance tout en étant présent, prendre du recul pour mieux avancer, s’élever très haut pour mieux pénétrer, toutes ces incohérences sont quelques-uns des outils puisés au fond de nous-mêmes. Nous étions chenilles, nous étions chrysalides, nous voilà tout près de l’envol. A butiner la lumière, nous serons les âmes entières à polliniser la Création.
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Ô Porte Une !
La morale et la convenance sont écrites en lettres dorées sur une feuille de beau papier rangée dans une chemise, elle-même rangée dans un dossier, lui-même rangé dans un coffre, lui-même rangé dans une banque gardée par des policiers, des vigiles, des caméras et reliée au centre névralgique de la pensée unique ronronnant comme un chat endormi dans un pays quelconque dirigé par des marionnettes maniées par des financiers qui seuls ont la clé du coffre où se trouve bien cachées la morale et la convenance des dominants rassurés.
Mais moi, je suis le joueur de flûte ayant oublié comment lire une partition. Je suis le maçon qui trouve la vie si truelle qu’il a décidé de la faire belle en brisant les murs pour offrir des parts de pains plutôt que monter des parpaings avec des courbatures. Je suis le fleuriste dur de la feuille, offrant gratuitement des éloges en fleurs de lumière à des passants anonymes qui surpris de mon engouement me font des sourires que je range bien sagement dans le vase de mes souvenirs posé sur la nappe d’un firmament. Je suis le renégat qui monte à l’assaut en criant « je vous aime » à des inconnus qui eux-mêmes ont compris le non-sens des guerres et leurs monuments. Je suis le balayeur de rue, vous savez celui à qui on a du mal à dire bonjour, celui qui balaie en ressassant la poussière de son passé, horrible pollution de sang, de larmes et de cris étouffés. Je suis dans le cabas tiré par un mémé, je me suis blotti à côté de deux poireaux, je me suis fait lutin pour semer un peu partout, dans le triste quotidien de cette mamie, quelques graines de rire, quelques bourgeons de lumière, et surtout quelques brins de bonheur puisés dans l’ardeur de mon Amour trop grand.
Je suis le sentiment de l’éclosion prochaine d’un renouveau – le berceau d’un enfant qui veut se lever-le sachem sur son cheval blanc qui, en haut de la montagne, admirant les horizons va lancer prochainement sur ces peuples endormis, le cri du réveil, des hordes de rires et d’amour puissant. Je suis sur cette Terre un bout de ciel blanc – Dans une prairie sans fin, je ne suis qu’un brin d’herbe au milieu des siens mais dans le cœur et dans l’âme si profonde, une pulsion si féconde d’encenser le Monde qui vient.
M.L. 14/03/2018