Réconciliation

Réconciliation.

 

Le chant de l’oiseau ne brise pas le silence. Il le souligne. Dans la vallée, l’eau de la rivière bruissant à volonté joueuse entre les rochers, les fleurs, les plantes et les arbres ne déchire pas le silence. Elle participe de son aura, sa magie. Elle est autant servante de cette paix qu’elle en distille des perles d’eau en un collier pour l’offrir à tout ce Vivant. Le vacarme du chasseur n’est qu’un dégueulis de maux. En fait, on peut se demander si tout ne serait pas parti du Silence. Tout ce qui vibre, de la pensée la plus subtile à l’explosion d’une supernova. L’homme criant ne déchire le Silence que pendant un temps relativement court alors que chez ce vagisseur, il faudra des nuits, des jours et des heures afin d’être apte à nouveau pour entendre. Si tant est qu’il en ait été capable un jour...Oui, car le silence se mérite. Il est une mélodie. Un chant émanant d’au-delà de l’éternité joué par une invisible muse de la poésie, Erato à la lyre charmant de sa mélodie la Création. Aux portes du désert, la première impression est l’angoisse. C’est voulu. Il faut sortir ce poids pour laisser la place vacante et dans laquelle prendront place des fourmillements de miracles en contemplant, de nuit, l’univers d’étoiles et d’infinis. Le silence du désert est une clameur. Chaque grain de sable fait un avec l’autre et en cette union, se crée un réceptacle, un ciboire rempli de photons offerts au silence. Sur les places financières, les Bourses, algarades et autres gueulantes ne sont qu’aveuglement et refus du silence, proférés par des larves voulant être au-dessus des autres mais toujours dans la même bouse. A Douaumont, autant le chant de la rivière que l’infini murmure du désert sont à des années-lumière de ce poids s’abattant sur la conscience du visiteur, hantée de chairs déchirées, de folies meurtrières et de questions sans réponse. Ou peut-être pas. Projeter son esprit, son mental dans les hautes sphères du Savoir pour découvrir l’absurdité de ces comportements. L’homme blanc a conquis la planète à grands renforts de vociférations, d’assassinats, de complots ourdis dans des alcôves où déjà le silence se revêtait de sang. D’autres peuples, bien plus proches de la Source connaissent depuis des siècles la saveur du silence. Chez eux, beaucoup montent régulièrement sur la colline, aux aurores ou au crépuscule, pour noyer, le temps de cette messe, leur âme vibrante dans cet océan de non-mots. La solitude désespérante n’est-elle pas donc, un refus ou une peur de se réfugier, le temps d’un abandon, dans cette invisible osmose. Si la rose avait peur de la lumière, elle resterait racines. Soyez l’interrupteur de vous-même et alors, vous pourrez commencer à entendre…le Silence.

 

M.L.

 

21 mars 2020

 

 

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