Noël
Il n’y a pas que la lumière du soleil qui puisse éclairer ton chemin. Il y a, comme dit le grand Hugo, cette intuition lumineuse. Elle est bien plus souvent que tu ne crois ce murmure, ce petit ruisseau de mots couverts par le bruit de l’eau. Il y a ces questions qui émergent en toi, au hasard de tes quotidiens et que tu balaies d’un revers de la main, retournant à leur réalité fabriquée à grands coups d’ignorance. Ce soliloque vertueux est comme la houle venant caresser le rivage puis retournant à son infini, car elle ne peut surseoir à son jusant. C’est une lumière qui te propose, ne fait rien d’autre que te proposer. Elle n’a pas à donner d’ordres, de commandements, ce n’est pas son rôle. Cela ne l’a jamais été. A chaque fois que l’occasion se présente, elle surgit, dans l’instantané. Cela peut être le soir, au coucher juste après avoir éteint la lampe de chevet, au moment même où une partie de ton être s’apprête à voyager. Cette lumière peut aussi, par exemple s’insérer au moment opportun dans les pensées du pêcheur qui, au bord de la rivière, sa ligne à l’eau, laisse un doux flot de sérénité l’envahir et se dit : Mais pourquoi toute ces horreurs ? La réponse ne vient pas et pourtant elle s’affiche avec le martin-pêcheur lançant son « sii » appuyé et incisif, avec le héron, immobile au bord de l’eau, guettant son repas. La Vie est Mouvement. La Vie est élan. Il y a toujours et il y a aura toujours de ces interactions faisant s’interroger l’homme de la rue, parfois perdu au milieu d’une foule en colère contre les patibulaires écrasant l’humain de leurs mains salies par un pouvoir destructeur. Heureusement qu’il y aura toujours des mères penchées sur le berceau, des soignants œuvrant pour l’humain, des anonymes tendant la main dans ce Monde immonde où trop lèvent le poing. Je sais, à côté du fracas et des explosions d’obus, que peut faire cette toute petite étincelle de lumière. Elle est force. D’ailleurs elle est la seule force que personne ne craint. On peut la refuser, mais non la craindre. Les obus n’ont que leur poids. Alors, ce soir, pendant le réveillon, elle va en profiter cette étincelle de lumière pour déverser son unique langage à travers les regards et les petits instants de joie. Si cela ressemble à un entracte, essayez d’en approcher la présence subliminale, essayez d’en toucher la réalité de sa force et ainsi, vous aurez commencé à arpenter la réponse. La réponse à vos vœux, la réponse affichée au-delà, bien au-delà de l’infini qui, à l’horizon, vous tend la main pour vous murmurer : Viens, n’aie pas peur.
Michel Labeaume