Nocturne
Il est impossible de ne pas être agréablement surpris par ce paysage de nuit que notre regard embrasse jusqu’aux plus lointains horizons nappés d’une blancheur lactée. La Voie. Il est invraisemblable de ne pas être enchanté par cet imposant silence enveloppant le tout, des collines et montagnes autant majestueuses que mystérieuses surtout quand elles sont coiffées de constellations. Ce Silence parcheminé de millénaires de vies, gravées dans la pierre travaillée par des vents semblant être partis définitivement souffler d’autres belles histoires. Il est impossible de ne pas recueillir ça et là quelques miettes d’épopées octroyées par des hérauts invisibles venus des plus hauts firmaments. Il est inimaginable que des pourfendeurs, dictateurs, affamés de richesses, ogres des puissances armées puissent ne pas être atteints par le trait surgissant du Haut des sommets nocturnes pour ouvrir une blessure par où pourra passer l’énergie salvatrice. Va pèlerin, avance et ne t’arrête plus. Jusqu’à l’aire de repos prochaine qui te sera désignée par le Phenix, l’oiseau-tonnerre qui t’offrira l’encens. Ils sont aveugles et sourds ceux qui insistent dans la lourdeur tant et si bien que la réalité dans laquelle ils s’embourbent va leur imposer de regarder ailleurs, d’écouter les murmures mais il leur faudra des milliers d’heures pour les percevoir tant la fureur des canons fait de tonitruants fracas. Ils ont façonné dans les périples ravageurs de leur Histoire l’illusion de la mort. Il va leur falloir découvrir dans la réalité du Renouveau le narthex de l’éternité. Les cruautés et autres méfaits ne seront considérés que comme souffrance afin de permettre à leurs acteurs de rejoindre la multitude des nouveaux nés. L’incommensurable a toujours été offert par la Main ouverte dans laquelle, petite graine de vie, elle surgit jusqu’aux confins des galaxies dans un foisonnement de mouvements, chorégraphies orchestrées par le simple désir d’aimer. Le refus de ce verbe étant le vrai pesticide. Une Histoire s’achève. Elle n’a connu que trop de chapitres sanglants à oublier. Si aujourd’hui encore l’on entend ces sempiternels discours sur la croissance, laissez œuvrer le Silence qui sème là où le possible est ouvert, des fleurs de lumière pour l’évolution de l’être. C’est à lui de grandir, de s’ouvrir et de s’acheminer par les itinéraires de la Certitude vers son non-but, son non-destin, avec l’’euphorie de la découverte.
Dorénavant la peur est restée en arrière. Le pèlerin voyageur parcoure ces immensités avec le profond désir de la Connaissance. Il y aura des rencontres. Il y aura des pseudo-hasards. Chaque aurore est un appel à partir, chaque crépuscule une invitation à entrer dans les rêves qui ne sont que d’autres vibrations d’une autre réalité.
Va !
Michel Labeaume
12/01/24