Natura natura

Natura natura

 

Finalement, quand on s’aventure à peine dans le Silence et la beauté de la Nature, on a la conscience qui s’élève en même temps que l’on est surpris par l’ampleur des richesses qui la créent. Et tout est encyclopédie. De la moindre feuille au germe à peine éclos, aux fruits pas plus gros qu’une perle, tout est langage. Chaque élément entrant dans la création de la Nature est un mot dont aucun homme, (et surtout pas scientifique) n’a les moyens de le déchiffrer, de lire ces pages et ces pages toujours aussi fulgurantes de prestance et de beauté, et qui de saisons en saisons, de chapitres en chapitres, écrivent une œuvre afin d’embellir l’éternité. Bien sûr, les feuilles meurent, les vieux arbres aussi, les fruits pourrissent mais de tout cet humus la métamorphose impose un renouvellement. Cela paraît sacrificiel et c’est vrai mais tout, absolument tout est vivant, et le restera à jamais. Nul assassin ne peut ôter la Vie. Au lieu de s’accaparer ses richesses, si nous nous en servions avec sagesse et la même lumière de vie, ô combien serions-nous grands ! Dame Nature figure en bonne place dans la grande bibliothèque de la Vie. Nous refusons de la consulter. Nous ne la voyons ou plutôt vous ne la voyez que comme une mine d’or où il n’y a qu’à se servir. S’il faut pour cela soudoyer ou abattre des peuples, rien ne vous arrête. Un des plus beaux messages de la Nature est cette racine qui ouvre une plaie sur votre béton… Et par pitié, arrêtez vos parcs à thèmes ! Ils puent l’argent, ils puent votre civilisation du profit. Seriez-vous donc capables d’assassiner une forêt pour y déféquer une jardinerie ?

 L’idiot qui regarde la jungle n’y voit qu’un inextricable chaos et le sage remarque que chaque chose y est à sa place, chaque élément entrant dans la composition de cette jungle a sa place juste et son surcroit de vivant et tous les éléments ainsi réunis créant cette œuvre unique. On peut dire la même chose du désert. Le regard si pauvre n’y voit qu’accumulations d’inutiles, une décharge de néants. Et l’Autre regard, face au désert, sitôt passé le seuil de l’angoisse, reçoit à entendre. Avec le regard juste, on perçoit cette clameur venue du tréfonds des âges, portée par le Silence. Là, c’est le respect seul que l’on est en droit d’offrir à cette immensité.

Ayez le respect de ce qui vous entoure et vous serez bien entourés.

 

M.L.

Automne

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