Monologue d’une feuille d’arbre.
Pour S.
Ose te réjouir de ces brindilles de lumière jouant dans les feuillages. La brise est sage. Toute fin de nuit n’est-elle pas la question posée sur un mystère à dévoiler ? et l’Aurore, qu’elle soit d’hiver ou d’été, en sème des parcelles de réponse disséminées dans ces charmilles où l’oiseau entonne l’éveil. Ose ne plus penser qu’à ton sourire offert au paysage comme un bijou sur cet écrin qu’est ton regard. Ose jouer de gaieté avec les premiers papillons prenant leur petit-déjeuner de soleil. Ose te dire tant pis en souriant de n’avoir pas vu à temps la biche qui s’enfuit. Pas de photo certes, mais l’image est dans le décrit de ta mémoire. La vie est une trajectoire à laquelle s’accrochent des instants. Tout cela te fera un si beau collier pour ton âme s’en réjouissant. Ose venir en ce lieu sans montre. S’installer en pèlerin dans ce lieu si serein doit être dépouillé de babioles de temps. Ose te dire, ose te murmurer que tu te trouves hors d’un présent, qui plus est un passé mais sûrement un futur si tu t’arroges le droit de te confectionner de telles parures tout au long de tes cheminements. Il suffit de si peu pour découvrir l’extraordinaire. Il n’est pas forcément au-delà des frontières. Tu as appris à ouvrir ce « feu-naître » en ton cœur d’enfant et cette ouverture te donne une constellation de miracles dans tes sensations. Si le profane te prend pour un fou, ose lui proposer de s’installer dans ta folie. Ose te dire, te murmurer que le futur est déjà présent. Le futur de lumière est composé d’instants ordinaires vus avec un esprit flamboyant. Pour parfaire un avenir, point n’est besoin de bâtir, de construire, d’épuiser le sol, de chercher ces richesses qui font les camisoles, il suffit d’un tout petit instant d’éveil, une fissure à peine visible et par où savent se glisser quelques brindilles de lumière jouant avec ton effeuillage pour t’habiller de béatitude. A demain, mon enfant. A demain. Comme d’habitude.
M.L.