Cher ami, frère
Je m’adresse à toi, le Haïtien qui, depuis le 12 janvier 2010, vit dans la rue, dans la misère, dans les gravats, sans eau, sans nourriture régulière, sans ta famille ensevelie. Je m’adresse à toi pour te dire qu’ici en France, les médias n’arrêtent pas de dire « Donnez de l’argent pour Haïti ». Je ne donnerai rien de tel mon ami, mon frère. Je ne donnerai rien de tel car non seulement en donnant telle ou telle somme j’aurais l’impression malhonnête d’avoir « fait mon devoir » mais surtout parce que je sais que mon argent n’arrivera pas jusqu’à toi. Les millions de dollars (pardon 10 milliards) récoltés à la suite du séisme n’ont servi qu’à rembourser la dette de ton pays (du moins en majeure partie). Oui tu entends bien mon ami, mon frère, des banquiers bedonnants se vautrent sur des coussins bourrés de billets récoltés grâce au séisme et à la crédulité des donneurs. Je n’en peux plus vois-tu de subir tant à la télé que dans les grands médias les désinformations, les grotesques marionnettes aux larmes fabriquées qui nous supplient de t’aider alors que nous n’y pouvons rien. Si tu avais du pétrole, tu serais sauvé depuis longtemps. Ton gouvernement est corrompu oui mais qu’est cette corruption à côté de celles de ces pays riches et dominateurs qui font la loi à grands coups de tricheries, mensonges, manipulations des masses avec l’accord tacite des médias. Je t’aime toi le Haïtien, je t’aime de tout mon cœur, de toute mon âme et j’espère que cette lettre t’apportera un sourire et un sourire qui comble ton être en entier. Mais permets-moi une seule chose si tu le veux bien, laisse-moi en pensée pisser sur la gueule des grands de ce monde, de l’Oncle Sam et tous ses caniches à la langue toujours humide pour lécher.
Michel Labeaume
15 oct 2016