Les hordes barbares

Les hordes barbares

Les collines sont vêtues

De tapis verdoyants,

Et à cette aube silencieuse

Vient murmurer la brise

Faisant onduler les herbes

Et les fleurs.

Les premiers papillons

Sortent de leur mystère

Afin de prendre un petit déjeuner

De soleil.

Les maisons se réveillent.

Des gens sortent

Et se saluent.

En souriant.

Les temps d’antan

Où c’était tout juste

Si l’on se connaissait,

Ces temps des ragots,

Ces temps sont révolus.

Là on se sourit

Là on se salue.

Une jeune fille dévale

En courant

La colline du moulin.

Ils arrivent !

Ils arrivent !

Essoufflée,

On lui laisse le temps

De se calmer

Et on la rassure.

Ces hordes qui arrivent

Appartiennent

Au passé.

Ne crains rien.

Ils s’obstinent

Ces satrapes et potentats

Qui au temps des lourds,

Faisaient la loi.

Entrainant derrière eux

Des hardes sauvages

D’êtres guerriers,

Prêts à pourfendre

Les déserteurs du pouvoir,

De la puissance,

De l’autorité.

Avec eux tu verras ces ventrus banquiers

Hurlant leurs bénéfices lapidés.

Tu verras ces économistes

Harceleurs et bonimenteurs

Pour accroitre

Leurs valeurs financières

Et leurs discours lapidaires

Pour rassembler

Tant les aveugles

Qui ont perdu de vue

L’essentiel

Et les sourds

Ne sachant plus

Dialoguer avec le silence.

Tu verras ces pamphlétaires,

Stylo à la main

Carnet ouvert

Prêts à écrire, à décrire,

A souscrire

Au sensationnel,

Courant éperdus,

A la recherche d’un monde,

D’un Monde

Qui n’est plus.

Tu verras ces élus

Elaborant inlassablement

Des stratagèmes

Avec dans leurs mains si bien soignées

Des discours trompeurs,

Des harangues hypnotiques

Pour engourdir les sots,

Jusqu’à les anesthésier.

Tu verras ces défaiseurs de pouvoirs

 S’incruster comme des vipères

Dans le camp des mercenaires

Jusqu’à l’amère victoire

Jonchée de cadavres.

Tu verras,

Tu verras.

D’ici peu,

Ils vont passer au-dessus de nos têtes,

Au-dessus de nos toits,

Toujours à la recherche en se ruant

De leur immonde d’antan.

Cela n’empêchera nullement

Nos familles et nos terres

De vivre pleinement

Ce nouveau Monde

Où seul le Silence a la faconde

Pour nous décrire la Vérité

Qu’à chaque instant,

Chaque jour,

Nous offrons en semences

L’Avenir à récolter.

Ces hordes, mon enfant,

Ces hordes

Qui vont arriver

Sont des ombres,

Des lémures,

Des épouvantails

Vêtues de panoplies,

Perdus dans leurs utopies.

Elles ne soulèveront

Pas même

Un grain de poussière.

Ce n’est pas un orage,

C’est un rêve dépassé.

Tu peux retourner

A ta méditation

D’aurore

Au bord du ruisseau.

Il y aura encore

Le cygne et d’autres oiseaux.

Il y aura toujours

Ce parfum du Verbe

S’enroulant dans les herbes

Se déroulant au bord de l’eau.

Ces hordes guerrières

Ne sont même pas poussières

Mais un simple rêve du passé.

Michel Labeaume

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