Les 3 mondes
- La planète des singes
Il va bien falloir qu’ils descendent de leur canopée, ces primates au pouvoir n’ayant de regard que vers l’obésité de leur ego. Il va bien falloir qu’ils cessent de jeter des copeaux de leur langue de bois à d’autres primates plus bas qui les relaient vers le sol foulé par la misère. Ô que oui, j’y crois, tous ces mensonges et aveuglements ajoutant de la braise à un climat changeant. Ô que oui j’y crois, à la Vérité dévoilée aux dominants, brandie sagement et qui les fera cligner des yeux, tant la lumière a été oubliée dans leur être de premier rang. Ce monde n’est pas un monde, mais un immonde agonisant.
- La planète des songes
Ils parcourent leurs journées comme un rêve nocturne, sublimé d’éclats de joie et de rires flamboyants. Même si parfois le sentiment d’échec les pousse à regarder les feuilles mortes sur un chemin d’histoire durant encore combien de temps ? Et pourtant, l’utopie n’a plus sa place dans cet horizon d’aurores où les jours et les nuits seront plus encore qu’une poussière poussée par le vent. La réalité de ce nouveau Monde ajuste ses préparatifs tout en laissant tomber (par mégarde ?) un peu de son éclat dans l’œil de l’enfant, ou dans le corps fatigué du vieux qui arrive à tirer le rideau pour apercevoir les idiots courir droit devant. Ou dans la fissure de l’armure du dominant qui, la tête dans les mains, s’interroge sur le bien-fondé de ses agissements.
- La planète des signes
Un passereau surgit, un insecte dans le bec et entre dans le trou de l’arbre. Juste une poignée de secondes. La faim de vie est une belle épreuve pour les parents. La brume lancinante, un peu comme une robe oubliée ou jetée par une vestale lascive, enveloppe les hêtres et les chênes baignés d’un soleil rougeoyant et la biche, tranquille, vient brouter les feuilles sur le chemin, se posant sur cette Aube, comme la signature d’une œuvre d’un Un-connu, dont l’atelier est hors du temps. Il va bien falloir que l’homme arrive à regarder autrement.
Michel Labeaume
30.10.21