Le périple d’Ajar
Je m’appelle Ajar, je suis réfugié Kurde syrien. Mes parents et moi, ayant fui l’ignominie depuis des mois, avons atterri ici, à la frontière entre la Biélorussie et la Pologne, avec des milliers d’autres. Mais, bizarrement, j’ai décidé de ne plus pleurer, ne plus crier, ne plus me plaindre. Je suis même heureux. Ou presque. A la frontière entre ces réalités et ma conviction du Vivant. Là, dans ce no man’s land, encore un peu réfugié, prêt à faire le pas vers l’être transcendé, je jette encore quelques regards vers cette humanité. Et ce que je vois me laisse perplexe. Aussi je vous livre mes pensées. En regardant tout ce monde, pas seulement la poignée ici de quelques milliers de déracinés par nos politiques (qui sont les mêmes essayant, pour faire bonne figure, de nous rendre un peu de dignité), j’ai la conviction que nous, humains, descendons dans un puits. Plus nous descendons, moins la lumière du haut se fait visible. Et on descend ! Et on descend ! Mais, dites-moi, si la lumière ne vient plus du haut, pourquoi ne viendrait-elle pas du bas ? Quand je vois ces peuples perdus dans l’enclos des politiciens comme en France où déjà la présidentielle se dessine (ou se destine), je me dis, ils sont tous perdus (du plus haut placé, au plus malheureux) et peut-être est-ce logique : quand tout le monde est perdu, on ne peut que choisir un candidat parmi les égarés…Vous apprendrez un jour que l’esprit peut être plus puissant que les barreaux des cellules ou le pieu des enclos. Ce jour-là, vous l’aurez délivré. Et prendrez conscience alors de toutes ces machinations dont nous sommes les victimes, jetées en graines OGM dans l’enclos par ces médias corrompus et cyniques. On demande à ceux qui nous torturent de trouver un médicament pour avoir moins mal !! Vaudevillesque n’est-ce pas ? La plupart des médecins sont devenus esclaves de laboratoires dirigés par la Finance. N’allez pas vous confier auprès de ceux qui sont à plaindre. Tout est faux. Ou presque. Disons 99,9 %, terme emblématique de l’efficacité des mensonges. Avez-vous conscience oui ou non de la fausseté des discours, ces exhortations à une solidarité qui, en fait, dans un but plus sournois, est de vous savoir unis comme un troupeau sage. Horreur des horreurs, qu’un mouton réussisse à sauter la clôture, il est montré du doigt, dénoncé. L’homme est arrivé à un point tel que face à une guerre, il se dit face au réel alors que l’éclosion de la fleur à l’aurore est un hasard de la nature. Il confond le réel avec le poids. D’un politique envoyant son peuple se faire massacrer par rapport à un colibri faisant des allées et venues pour éteindre l’incendie avec les quelques gouttes d’eau dans son bec, lequel est le plus idiot ? Certains parlent déjà de coloniser une autre planète. Pensez-vous vraiment que la Création, avec ses millions de ruches, accepte un autre nid de frelons ? L’étendard « Climat » lui aussi flotte sur un océan de tromperies. Le soleil brûle la peau. La politique consume l’âme.
Si vous traversez le désert sans eau, vous mourrez de soif.
Si vous traversez l’Humanité sans amour, vous aurez le même résultat.
Le périple d’Ajar n’est pas terminé. Ou plutôt si. Il s’est achevé à l’instant même où il a posé le pas sur le seuil de l’Un-connu. Plus rien ne peut l’atteindre. Même pas une balle perdue.
Michel Labeaume