Le grand élan
Oser s’aventurer sans savoir vraiment ce que l’on va découvrir, ce à quoi l’on devra faire face. Quitter définitivement cette routine, somme toute hyper dangereuse tant elle nous englue, nous alourdit et nous pèse. Oser s’aventurer au-delà des ornières tracées depuis des siècles par des pouvoirs aveugles autant que sourds. Si un tyrannosaure traverse une roseraie, croyez-vous qu’il va s’arrêter. Pour admirer, pour écouter le silence ponctué de ramages cueillis dans les feuillages encore habillés de rosée matinale, peut-être même de restes de brume. Mais attention, quitter ces ornières ne veut absolument pas dire quitter sa maison, sa famille, son travail. Sortir de ces ornières c’est se dévêtir de son petit moi, son apparence de soumis silencieux, d’homme vertueux au-delà du possible, trop droit finalement comme un arbre perdu au milieu d’autres, mais rassuré…La peur, voilà le mal, l’élément viral au possible incitant la plupart d’entre nous à rester dans ces ornières. Aussi, à l’intérieur de soi, au plus profond de son être, se produit régulièrement un évènement, un micro-évènement, une germination voulant signifier à l’être le besoin vital d’un développement. L’ego ayant l’emprise, il est effacé, oublié, sans savoir la patience de cette graine. Et l’homme continue ce long itinéraire tout tracé, rassurant, seul réel clamé par les assesseurs des juges dominants. Même si, à la moindre occasion, la germination entame une nouvelle tentative. En fait, si vous voulez connaître la vraie signification de cette graine, appelez-la liberté. L’homme de ce début d’ère est un diamant habillé de refus cimenté, matériau de la déraison. Celle-ci, inévitablement conduit à l’enfermement, à la réclusion, au confinement dont la cause principale est justement cette liberté. D’aimer. Ce confinement va aller jusqu’à durcir les frontières du pays, sans que ses ordonnateurs, ses dirigeants se rendent compte qu’ils construisent là les barreaux de leur propre cage. Allons encore un peu plus loin dans ce déraisonnable et c’est le conflit, larvé, local ou mondial avec au bout du compte des débats télévisés idiots au cours desquels, la conclusion sera « l’homme est un loup pour l’homme – l’Histoire est un éternel recommencement. Applaudissements. Remerciements. Eteindre le téléviseur. Demain je me lève tôt. Je travaille…
Mais qu’y-a-t-il dans cet abyme inconnu auquel il m’est proposé d’y lancer ma volonté d’en finir avec la soumission ? Une pléthore d’aurores, d’invitations à marcher vers telle ou telle direction, vers cette montagne au sommet de laquelle m’attend un panorama à couper le souffle. Vers cette petite vallée où coule une rivière sur laquelle, attachée à un arbre, une barque m’attend. Il y a même les rames et un oiseau sur le bord qui me murmure « Eh bien, tu as mis le temps !! ». Le regard se lave et l’extraordinaire apparaît. L’écoute se vide des parasites et le Silence est perçu comme ce qu’il est et sera toujours : le bruissement naturel de la Vérité nous faisant comprendre que tout langage est un handicap. On ne peut plus regarder les gens autour de soi comme étant ce qu’ils sont en apparence (appât rance) car on les sait des êtres en recherche de liberté. D’aimer. Les crépuscules se suivent en prenant comme oreiller toutes ces petites joies, ces sourires, ces mains offertes, ces échanges bienvenus et ces cœurs battant pour un Monde nouveau.
La seule utopie est de rester dans les ornières.