L’oiseau
Le vol majestueux des ailes de la Liberté s’est mué en un oiseau mort dans la bouche des cupides. Quand ils vitupèrent leurs discours, ils postillonnent des plumes et le sang dégouline sur la cravate et le costume à trois mille euros. Ce faisant, ils piétinent les chants d’espoir, les cris des poètes, les rendant illusoires. Assistés en cela par des médias stupides qui leur tendent le micro du pouvoir, ils exaspèrent par leur goguenardise infatueuse aussi bien qu’ils apportent des frissons de jouissance aux corbeaux qui les suivent, ambitieux sournois. Mais tout ce monde affublé de sa laideur ignore totalement la Vie. La Vie qui voit la colombe de la paix traverser une explosion nucléaire sans une égratignure. Ils tuent, ils dévorent mais ils ignorent qu’ils ne peuvent rien contre la Vie. Ils n’ont en bouche que de la chair et du sang alors que l’âme a rejoint son firmament où se côtoient d’autres libérés dans une danse de légèreté si belle que l’on pourrait presque parler de miracle alors que ce n’est que la réalité. La Vie est énergie et rien ne peut l’arrêter. Ni l’assassin, ni le chef d’état partant en guerre, ni l’autel sacrificiel où tant de petites gens ont été saignés pour un pouvoir démentiel. Pour l’argent, l’argent ce maître-mot par qui tout est dicté, soigneusement ouvragé dans des discours pompeux cachant intelligemment les véritables desseins. Dominer. Dominer ! Quelle aberration !
Ne range pas tes ciseaux, sculpteur et toi le peintre sors ton chevalet, sors tes couleurs, artistes créateurs préparez-vous à un changement qui va vous sidérer. Tout ce que vous avez créé jusque-là va se transformer en marches pour vous permettre de voir plus haut, de voir plus loin. L’énergie vivante ressentie dans votre âme sera celle qui vibrera au cœur des foules libérées de l’emprise des fous. Cette énergie vivante est un peu comme l’eau, elle se glisse partout où il est possible, par la fissure du doute aussi bien que par le simple questionnement, cette ouverture timide mais bien réelle. Beaucoup ne peuvent la ressentir pris dans la folle course aux illusions, trébuchant parfois, mais se relevant aussitôt pour être dans le peloton de tête. Un mur ou un abîme sera le choix de leur arrivée.
Alors le pèlerin continue sa progression, dépassant parfois sans s’y arrêter des thébaïdes raffinées tant il se sent merveilleusement fort et sachant qu’il en croisera beaucoup d’autres où son corps au repos rencontrera des rêves-réalités le menant là où la beauté de la Création se conjugue avec le verbe aimer.
Michel Labeaume
16.01.24