Interlude

Interlude

 

La Terre n’est pas un pion sur le grand échiquier céleste, mais une réussite sur la piste aux étoiles. La Terre s’est offert les oiseaux pour amplifier son aura. L’homme a fabriqué des cages pour les déposséder de leurs vols. La Terre s’est donné les prairies et les fleurs pour mouvementer le bonheur de porter leurs couleurs. L’homme les a achetées pour les avoir à lui tout seul, pour creuser d’énormes trous afin d’y puiser des richesses. La Terre s’est donné des sources, des rivières, des fleuves et des torrents pour pulser sa grandeur de Vivant. L’homme y jette ses immondices comme on vomit au bord d’un précipice. La Terre s’est agrandie de montagnes pour offrir le vertige de sa beauté. Les hommes veulent conquérir ces sommets comme on monte à l’assaut et la laideur de leurs erreurs brise la cordée. Un promeneur est derrière un autre qui lève les bras au ciel en guise de remerciement. Au loin vers eux court un enfant, heureux d’être heureux et déjà grand. Et voilà la foule qui marche à pas mesurés, tranquille et sans crier, presque silence, venant des lointaines collines et mystérieux horizons pour réapprendre à semer et récolter d’autres moissons. Un vieux couple sort sur le seuil de leur maison ayant compris la valeur du murmure grandissant. Ils se tiennent par les épaules et embrassent la lumière qui les embrase en passant. Cela vibre dans les fors intérieurs et dans les demeures et dans les âmes et dans les cœurs. Les téléviseurs perdent de leur luminosité. On distingue à peine le visage du dominant avec encore dans sa bouche des maux non prononcés. Les gens qu’il vient d’haranguer sont dehors à marcher dans la prairie puis à courir même pour certains afin de rejoindre le miroir qui montre la foule en liesse descendant les collines pour aimer d’allégresse ! Et c’est ainsi que la Terre se professe grande parmi les grandes, fille de lumière dans le firmament des Unis-Vers pendant que dans les chaumières la neige a envahi les écrans et dans tout être vivant, la chaleur du moment prépare une éternité.

L’ébéniste a scié les barreaux des cages pour en faire des baguettes de tambour. Quelques banquiers en liasses ont rejoint les foules en liesse et dans les assemblées et gouvernements, le silence est lourd, il est même très pesant.

 

- Vont-ils enfin rejoindre les nouveaux géants ?

M.L. 31/08/18

 

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