Homme Demain

L’Homme Demain.

Ils sont trop à considérer les migrants comme des fruits empoisonnés. Mais où est le poison quand l’humain rejette l’humain. Cette toxine qu’est la haine et avec elle ce nationalisme exacerbé, l’arme dans son étui jamais loin, toujours à portée de main. Ou plutôt de poing. Cette fois je me sens de plus en plus loin, tant de la politique, du fric et de leurs hommes de main. Je suis au cœur de l’âme de cette femme enceinte (syrienne) qui s’y est prise à douze fois avant de réussir à passer de l’autre côté. Avec tous ses enfants. Que va-t-elle trouver de ce côté ? Des hommes de main. Des sbires lobotomisés de politiciens vautrés dans leurs grands bureaux dorés parlant une langue venimeuse, alléchante pour les médias. Des hommes de main. Mais non des hommes demain. Du moins pas encore. Tant qu’ils fermeront le poing. L’homme ignore l’Homme. Alors il stagne, il survit dans sa tourbière aux miasmes d’enfers considérant qu’au-delà, c’est du rêve, du non-sens. L’homme ignore l’Essence, énergie subtile autant que principe subtil qui le pousse vers l’avant. Mais l’aveugle et le sourd volontaires ont-ils les capacités pour quitter leur handicap et regarder l’horizon devant ?  Demain matin, dès l’avant-aurore, je serai dehors, sur le Seuil de mon Temple, l’horizon enflammé. Je m’enivrerai de son silence, saluerai d’un clin d’œil mes amis les arbres qui me connaissent, depuis le temps. Et je goûterai au vent de l’aube, jouer avec les feuillages et les prairies. Et je sourirai aux premiers chants des pinsons encore emmitouflés dans les charmilles. J’écouterai l’eau du ruisseau danser dans son lit, tantôt un tango, une valse et même un slow et soudain au milieu des rochers un rock endiablé. Et je prierai, prierai afin que ces pestilentielles cascades de mensonges se tarissent. Oui, je suis fatigué, de croiser dans la rue des masques, des regards fermés, des désespoirs germer. D’entendre ces gens lutter contre le réchauffement climatique en oubliant, volontairement ?) de dénoncer les incendies éparpillés sur la planète ecchymose, incendies politiques, économiques, incendies du fric. Les pyromanes sont dans les banques. Et quand j’aurai retrouvé un peu d’énergie pour auréoler mes jours, je me ferai Homme deux mains. Pour écarter les bras et accueillir, accueillir, tant la souffrance que l’effroi et m’endormir le soir sur un jour accompli dans la plénitude. J’ai trouvé comment sortir de ce piège mortel qu’est la routine. Chaque jour, je m’aventure un peu plus loin, distinguant avec cet autre regard, l’horizon si lointain et si beau tout en faisant un pied-de-nez aux aiguilles de l’horloge, sombre machination de l’homme-montre, menotté dans les griffes du Temps. L’homme ignore l’Homme. Trop pressé. Il n’a pas le temps. Si tu regardes ta montre en marchant, tu appelles l’accident. Si tu la jettes, tu seras plus léger, porté par le Vent. Ne donne pas ta montre. Pas question de faire un prisonnier. L’homme ignore l’Homme. Pourtant il n’est pas loin. Il est devant.

Michel Labeaume

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