Les hardiesses.
Je nous imagine sous un ciel d’azur ponctué de petits nuages blancs. Ponctué d’élan. Et nous comprenons en levant la tête qu’il n’est rien d’autre que notre vaisseau nous emmenant vers quelque chose de bien surprenant.
Je nous imagine sous un ciel de nuit où les myriades d’étoiles habillent nos songes, brûlent les mensonges et nous comprenons en levant la tête qu’il est notre couronne de tout un royaume, royaume des firmaments.
Je nous imagine sur un haut plateau tout en haut des montagnes, où le vertige nous gagne face à des grandeurs clamant des mystères avec le silence. Les fleurs jaunes dans la verdure ont la magie d’habiller le vent. Et nous comprenons en ouvrant les yeux en grand qu’elle se greffe en nous, cette beauté de l’instant. Il suffit de se laisser faire par toute cette présence afin que l’émoi prenne naissance et que nous soyons enfin vivants.
Je nous imagine sur une plage face au grand océan. La houle joue, prise dans le grand mouvement, projetant des éclats de lumière avec les embruns, et les vagues et leur élan. Et nous comprenons en embrassant l’immensité qu’elle n’a de cesse de nous appeler à faire partie de l’éternel changement.
Je nous imagine face à une page planche, chacun de nous tenant une plume, prêts enfin à jeter l’encre sur cette fraîcheur, à écrire une autre Histoire, fini le devoir de mémoire, nous sommes pris, navigateurs, à nous projeter avec cet amour toujours vers l’autrement.
Je nous imagine face à l’horreur, juste quelques larmes et puis face à l’aurore, un nouveau jour, des milliers de printemps. Derrière nous des utopistes et des canons qui finiront poussière, c’est ainsi le néant.
Je nous imagine chacun de nous tenant cette prose et face au champ des roses la jeter au vent. L’aube va la brûler et nous offrir cette flamme qui va nourrir nos âmes en nous remerciant.
Je nous imagine. C’est maintenant.
M.L.