Gianna, ou évoluer

Pour Gianna et l’évolution

 

                Selon le gouvernement, il n’y a pas d’institution raciste. Si l’on admet que la méchanceté, la haine, le racisme sont des formes de souffrance (ne pouvant régler leurs propres problèmes, ils en rejettent la faute sur les autres), on peut assimiler ces pathologies à une forme de cancer de l’âme. Refuser donc d’admettre que ce cancer existe, c’est le laisser proliférer, lui permettre de continuer à ronger l’être malade. Le mensonge n’est pas un pansement, simplement un aveu de faiblesse. Et ce ne sont pas les notes de service secret confidentiel émanant du ministère de l’intérieur à destination des services d’ordre qui menacent de sévèrement punir tout acte raciste voire propos qui y changeront quelque chose. Personne n’a jamais guéri d’une maladie en étant menacé par son médecin. Celui-ci conseille, soigne. C’est son métier. Il n’est pas dresseur de cirque.  Si des foultitudes de stupidités font nos quotidiens, le sempiternel PIB n’est qu’un maillon de la chaîne fixée à nos pieds. D’autres lourdeurs sont exacerbées par une vérité pointant son germe. Et au sein de cette humanité, beaucoup ont leur conscience qui s’ouvre plus grande, évolue et leur permet de se rendre compte à quel point la politique est une méthode de soins donnés par des malades et relayés par d’autres tout autant atteints. C’est un peu comme si un conquérant, arrivé au bout de son périple se retourne et subit l’effroi en voyant les morts jonchant ses champs de bataille. Le poids de sa statue sera des plus légers face à celui de ses errances, ses fourvoiements.  La solution, les remèdes, ne seront jamais le changement, même si pendant une courte période il réjouit un petit nombre. Le vrai Changement, c’est à l’intérieur de soi qu’il doit d’abord se faire. Pour se poser en face de cette réalité : on ne peut plus continuer ainsi. Refuser d’admettre que l’être humain peut être plus beau, plus grand, c’est opter pour sa propre défaite, même si, quelque part, elle ne sera toujours que passagère…Nos dominants sont impuissants face à un patron qui ferme son usine et met à la rue des centaines de familles car ils n’ont pour seule vérité que celle de l’argent. Et l’homme, aussi bien le balayeur des rues que le ministre des finances, en sont à ce même niveau d’en être victimes. Le balayeur des rues a peut-être cet avantage de côtoyer les gens, vivre avec eux alors que le ministre a tendance à s’isoler derrière les murs de son arrivisme ou en retenant délicieusement un rot suite à la dégustation d’un champagne le samedi soir lors d’une soirée kitch avec tartines de fond de teint, rouge à lèvres carmin et hypocrisies à la Tartuffe ou Dom Juan.

Tant que l’on sera à justifier nos mensonges, on sera toujours à se voiler la face de peur de voir son image.

Evoluer c’est tendre la main à l’autre quel qu’il soit, noir ou blanc. Et avoir du respect (qui ne sera pas le même que pour celui à une place supérieure) pour l’autre. J’ai plus de respect pour Gianna Floyd que pour beaucoup d’autres car avec ce drame vécu, elle a compris le mot évoluer. L’amour pour son père a jailli de son cœur comme une gerbe d’étincelles. Puisse-t-elle ne pas avoir la haine pour ce meurtrier qui, comme expliqué plus haut est un malade qu’il faut soigner.

Pensez-vous sincèrement que la guerre évolue ? Questionnez les cadavres. Ils ont la lourdeur de la réponse.

 

Que diront les hommes du futur à propos de nous ? « Qu’ils étaient lourds les hommes d’antan ».

 

                Michel Labeaume

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