Excursion 2
Debout dans un bain
De bien-être,
Je batifole avec mes pensées
Pour une belle Humanité.
Quand soudain,
Un violent courant d’air
D’actualités
M’envoie l’effroi.
Je frissonne.
Je fais front.
Au loin, un faucon crécerelle
Fait du vol stationnaire
A la recherche d’une proie.
Un peu comme les pouvoirs
Autoritaires
Edictent leurs lois.
Un être venu d’une autre planète
Me murmure :
Ils ne croient pas en nous,
Ne veulent pas y croire
Et c’est la peur de voir s’écrouler
Tout ce qu’ils ont bâti
Comme concepts
Qui forge ce refus.
Le ciment de leurs forteresses
Est l’ignorance.
Déjà à cette heure
Les flèches de la Renaissance
Y ouvrent des fissures.
Tout va s’écrouler.
C’est inéluctable.
Pour planter un arbre,
Il faut bien creuser un trou.
Plus loin,
J’arrive à l’entrée d’un parc
Indiqué par une pancarte
Rouillée
Sur laquelle est inscrit :
Personne ne connaît la vérité !
Je pénètre à l’intérieur
Et j’y vois des zombies
Souffrant de leurs errances
Ne comprenant plus la vie.
Pourtant, le parc n’est plus gardé
Plus de clôtures,
Ni même barbelés
Mais les siècles de lacunes
Ont eu raison des volontés.
Montrez-leur la liberté
Et leurs gras éclats de rires
Vont vous sidérer.
Je continue ma marche
Exploratrice
Quand des gouttes
Explosent sur le sol
Dans la chaleur d’été.
C’est l’averse.
Courte mais dense.
Puis, comme un présent offert
Par le maître du temps,
Le pétrichor m’enivre
Cette sainte odeur de terre mouillée,
Tout s’éveille, se réveille
La Nature et ses chants.
Je sais qu’il y en a
Ayant si peur de Son Silence
Qu’ils se réfugient dans les bruits
Des cités, des mégapoles,
Menant une vie folle
Pour tenter d’échapper
Au murmure des forêts,
Au chant des aurores
Au clapotis joyeux
Des ruisseaux
Leur préférant le lourd réel
Des Damoclès omnipotents.
Des heures
Des heures,
Une maison isolée
Avant l’entrée d’un village,
En lisière de forêt,
La mamie dans son jardin
Essuie ses mains
A son tablier
Puis va s’asseoir sous une tonnelle
Où dort un vieux piano.
Son mari sort de la maison
Avec un violon.
Et voilà que tous deux
Donnent un requiem
Un long et funèbre
Collier de sanglots
Pour leurs amis là-bas
Et même ceux plus loin
Chinois, américains,
Afghans, iraniens,
L’humanité entière
Tous ces bossus
Qui à force de courber le dos
De la soumission,
L’espoir en lambeaux
La vie en haillons
Ont le regard dans le caniveau
Dégoulinant de pollution
Sang des leurs, sangs des malheurs
Et des résignations.
Je traverse le village
Personne dans les parages
A part quelques marmots.
Les volets sont fermés
Eté caniculaire
Le moindre bruit est étouffé
Dans cette étuve tentaculaire.
Des heures,
Des heures
J’arrive dans une forêt
Et j’aperçois à ma gauche
Au loin, une clairière.
Des enfants y sont assis
Sur des pierres,
Des enfants indigo.
Ils parlent d’amour
D’amour universel
Ils parlent en souriant
Ils sourient en parlant
D’amour vivant.
Je ne fais pas de bruit,
Je continue mon cheminement
En murmurant merci
Merci en souriant.
Détrompez-vous manants
Mes mots ne sont pas du vent
Ils émanent d’un Souffle
Qui veut voir réveillé
Un autre Vivant.
Pour cela votre croissance
Absurde
Même si elle s’accroche
Avec ses griffes d’argent
Va se diluer
Dans l’utopique
De sa réalité.
Et vous serez bien obligés
De relever la tête
Au lieu de rester figés
Sur le montant
De vos recettes.
Des heures,
Des heures
Mon chemin me mène
En haut d’une colline
D’où j’aperçois plus bas
Une longue file d’hommes
Et de femmes en blanc
Médecins, infirmières, soignants
Transportés sur des brancards
Par des malades hagards
Qui se traînent en souffrant
Qui se traînent en pleurant.
Mais une main invisible
Me touche le dos
Je comprends le message,
Continue mon voyage
Vers l’Aurore de Demain.
Il me faut tout voir
Il me faut tout regarder
Inscrire dans ma mémoire
Ce qu’il faut dépasser.
Des heures
Des heures,
Un chemin comme je les aime
Aux sentinelles de chênes
Et d’hêtres majestueux
Qui de leurs branches hautes
Discutent, murmurent entre eux
Si ce n’est parfois le vent
En bourrasques fougueuses
Venant secouer leurs cimes.
Des heures
Des heures,
Allongé dans un bain
De bien-être,
Je batifole avec mes pensées
Pour la prochaine aurore
Quand soudain un effluve
D’énergie
Me traverse de part en part
Je frissonne d’allégresse
Je m’endors auprès du feu.
Michel Labeaume
9 janvier 2023