Egrégore lumineux
J’entre mes possibilités dans le miroir de l’impossible. D’autres couleurs, d’autres lumières aussitôt apparaissent. Les saisons se confondent. Une autre germe, éclot. Une cinquième symphonie est là, se déversant d’une source cachée au sein d’une présence. Les notes rebondissent de rochers en cailloux, de méandres en cascades, agrémentées de reflets d’aurores et de plénitude. Les oiseaux ont leur vol impavide, décrivant courbes et voltiges dans un azur immaculé. Peut-être écrivent-ils un langage connu seulement de quelques-uns, de ces grands initiés, toujours si présents et m’offrant chaque jour le choix d’oser franchir les seuils de l’impossible afin d’ensemencer et répandre, diffuser et diaprer de connivences-diamants ces instants de choix, là où le réel besoin de soulagement et de guérison est attendu. Voilà le geste, la connexion, et l’évidence subtile écartant le voile entre la Terre et le Firmament. Plus que le silence et la flamme de la bougie, il faut la solidité de la Certitude pour pouvoir et combler ce qui a été vidé de ses noirceurs et auréoler des mains servantes le corps encore endolori. Il faudra encore aller plus loin, plus loin que l’horizon. Oui car l’horizon n’est qu’une simple limite du regard terrestre. Alors qu’avec le regard céleste le Monde intérieur s’éploie avec toute la beauté façonnée depuis l’Aube des aubes par des artisans du Verbe. Alors qu’avec la joie encore frémissante de l’être serviteur, s’ouvrent ces cieux d’au-delà des frontières affirmant l’infini des possibilités. Les larmes elles aussi viennent enrichir le torrent et la musique envahit le tout. Le chef d’orchestre ne se voit pas tant il est présent. Elles ont oublié le deuil ces âmes transcendées parcourant les voies mystiques à la découverte de l’ébahissement. Le choix a été clair. Il le restera toujours. A chacun de choisir selon ses conceptions, selon ses préceptes et ses convictions. Quand le jardinier a semé, il laisse grandir. Il continue de donner, d’apporter les soins nécessaires mais la graine doit grandir seule. Il est dorénavant aberrant de vouloir toutes les contraindre à la même voie, au même instant, avec la même nourriture devenant à la longue stérile voire empoisonneuse. Chaque graine est une parcelle d’Univers, un diamant à façonner, une œuvre à construire. A se construire. Un être à se sublimer. Avec l’échange et le partage. Les ouvertures se feront de plus en plus nombreuses mais toujours dans la quiétude de l’instant. Dans l’assurance tranquille du travail bien fait. Le guérisseur a ouvert son autel auquel il sait donner la couleur du sacré et la myriade de sourires pour guérir et reposer. Le canal est ouvert. Le seuil est illuminé aussi haut et majestueux que peut l’être une entrée dans l’Eden nouveau-né, enfant grandissant entre les mains de celles et ceux qui savent l’arpenter. Voilà ce que j’avais à dire, murmure la lumière, l’écho intérieur raisonnant contre les parois d’un cœur battant pour le mouvement à venir.
Une feuille jaunie danse dans l’air frais du matin brumeux traversé par des rayons de soleil enjôleurs. Suivie par d’autres, elles se réunissent et accordent à cette union leurs camaïeux d’automne. La rivière en emporte, se faisant vaisseau pour ces couleurs jusqu’à l’hiver blanchi, montrant les plumages gonflés des oiseaux, les fleurs de givre enrobant les branches nues et toujours grains d’éternité égrenés comme un chapelet jusqu’au printemps fougueux et l’été d’abondance. Et la symphonie des saisons se devine délivrance. Chacun est note s’il se met à leur portée pour subir le charme ensorceleur du chef d’orchestre qui, du haut de son Silence, donne sans cesse le La, nous invitant à danser en une aubade ou sérénade peu importe mais unies, 7 milliards de présences.
M.L.
15.01.2021