Des arbres
J’entre dans la bibliothèque
Où tous les livres sont ouverts
Quel accueil !
La sève en est l’encre
Les troncs sont la plume
Au gré des chapitres
Ivresse des saisons
Je m’enivre de lumières
D’écrits sur les feuilles
Mille forêts, une encyclopédie
Et quand l’homme provoque l’incendie,
Cet autodafé des analphabètes
Prenant le pouvoir
Et la grosse tête
Ne détruira jamais la Vie.
Aurores-préfaces
Même s’ils sont beaux
Les écrits sont maladroits
Quand leur source
Est le silence.
Brindilles de lumières,
Et puis chants d’oiseaux
L’œuvre est illustrée
Par ces habiles présences.
Crépuscules- péroraisons,
Les rédacteurs n’ont nul repos
Sous le firmament d’étoiles
Constellé de faconde
La belle histoire des Mondes
Se nourrit dans l’encrier.
Souvent même la brume
Entre les feuilles vient jouer
Pour ajouter du mystère
Au gré des pages tournées.
Nul relieur !
Prisonnier dans son atelier,
L’amour et la joie
Depuis l’aube des temps
Ont toujours su relier.
Tempêtes et bourrasques
Jamais avec vos frasques
Vous ne pourrez déchirer
L’œuvre de cet Auteur
Offrant aux lecteurs
Des bribes d’éternité.
Je me tiens à l’orée
Prêt à parcourir ces pages
Sous le soleil ou sous l’orage
Jusqu’à cette clairière
Posée là comme un signet.
J’entends parfois le bûcheron
Les pieds dans la sciure.
Ma douleur me murmure
Des maux, des déraisons.
Alors je passe mon chemin
Allant vers cet ailleurs
Auréolé de feuillages
Ainsi que de ramages
Me soûler de ces ferveurs.
Le miracle de l’averse
Est qu’elle sublime les écrits
Quand déjà une simple feuille
A elle seule est manuscrit
Les perles de pluie
Venant créer ce bijou
Qui dans l’instant c’est fou
Crée cet éphémère.
De mon corps dit l’arbre
Les uns font des pirogues
Pour aller plus loin,
Les autres, démagogues,
Leur langue, leur venin.
L’homme s’enracine
Dans l’ignorance
L’arbre de sa cime
Touche le Silence
L’abnégations de ses racines
Lui offre l’opulence.
Elle participe la forêt
Aux notes de l’Accorde
Données par le violon,
Est sourde aux discordes
Vomies par les canons.
Elle participe la forêt
Au chant de l’unisson
Des gens de la maison
Grâce à tout ce bois mort
Pour la ferveur de la chanson.
Le pic-épeiche et le pic vert
Ne sont pas pilleurs de troncs,
Ils participent à leur façon
Aux semences de vies
Pour la plus belle des moissons.
La Vie est une forêt,
Et l’homme un champignon,
Qu’il cesse ses errances
Vaines haineuses
Et il sera Présence
Souriant dans sa mission.
Ainsi, me voici pèlerin
Continuant mon chemin
De vérité
Ecoutant les canopées
Me souffler l’emprise
Je marcherai toujours
Vers ces aurores lointaines
Où s’élèvent des forêts
Sereines
Embrasant de leurs murmures
Le silence éternité.
Michel Labeaume 23/24 janvier 2023