Au bout de la laisse
L’économie libérale ou plutôt l’économique libéral entame son approche discrètement vers la sortie de cette crise (qui n’en est pas une). Ici et là, dans quelques médias il tente d’imposer ses points de vue à grands coups de petites phrases tonitruantes. Ayant été élevé en milieu fermé, éduqué par des accros à l’argent et à son pouvoir, tout son être n’est pénétré que par cette tendance à la force de la suprématie au détriment de l’Homme. Ce virus est un clou qui a crevé le pneu, nous obligeant à arrêter. Une avarie dans le paquebot croisière obligeant équipage et passagers à regarder le miroir d’une mer limpide. Un bug dans les commandes du réacteur empêchant le décollage qui amenait des contrats d’armement à faire signer. Une rouille dévoreuse de containers chargés de colifichets en plastique et de perceuses à 7 euros. Ce virus n’est pas ce coupable responsable de ces incidents. Il est le bienfait opportuniste ayant pris cette décision de tout stopper chez l’homme, de l’arrêter pendant quelques jours, quelques semaines l’ayant vu, senti courir à sa perte en dévorant tout sur son passage de dominant : Terre, Femmes et Enfants, Peuples soumis. L’homme dominant qui abat les forêts ne voyant même pas que lui-même est assis sur une branche de l’Arbre de vie, scie à la main. Et l’économiste est dans les starting-blocks, le regard à 10 cm du sol qu’il voit déjà défoncé par ses pelleteuses. L’homme de la rue, l’anonyme, le sans-dent, celui-là même que je considère comme étant de ma famille, s’interroge. Aussi, pour ne pas voir cette Terre une fois de plus dévorée par des ambitions malheureuses, il lève la tête et aperçoit un ciel plus clair, une Nature dont l’opulence s’est libérée de toutes contraintes, et en lui l’unique question sensée se faisant jour : Pourquoi pas ? Dans la seconde qui suit ? il devine la réponse : Un souriant silence. Alors il s’éloigne des pelleteuses tout en se proposant de tendre la main à toutes celles, à tous ceux qui, comme lui et jusqu’au-delà des frontières, ont envie de vivre avec le verbe aimer.
Dans les tiroirs de l’ignorance, quelque chose d’autre est prêt au départ, prêt à surgir à la prochaine occasion. Nommez-le Covid-20 si cela vous plaît, mais ne l’appelez pas. Il est comme un petit chien ayant besoin de sa promenade.
M.L.