Adventice

Adventice

 

 

Je ne suis qu’une mauvaise herbe. Là où ils tuent ma terre, je m’évertue à émerger quoiqu’il arrive, à m’élever du sol pour atteindre le la, le sachant à ma portée. Et d’éparpiller mes graines, ce n’est pour atteindre cet unique but qu’est la Vie que je la joue collectif. Des milliers peut-être, mais dans l’Unité, sûrement. Là où ils bétonnent, je prends mon temps, et mon maître le vénérable se sent poussé par l’incommensurable en déchirant peu à peu le bouclier pour offrir ses racines à un firmament ayant soif d’amour. Je ne suis qu’une mauvaise herbe. Leurs agents assassins n’y pourront jamais rien face à cette pulsion, cet élan de vie qui nous relie toutes. Nous pourrions être leurs serviteurs, face à leurs déraisons, nous voilà obligées de murmurer qui est le Maître. Je ne suis qu’une mauvaise herbe. J’attends un enfant qui ne viendra pas ou seulement dans les bras d’un père éploré, corps immobilisé par l’incohérence. J’attends un enfant. Celui-là qui, avec son ballon, courra heureux sur mon corps-prairie en riant aux éclats. Je ne suis qu’une mauvaise herbe. La rose est reine certes, et nous la vénérons et elle nous vénère car dans cet égrégore qu’est cela, un cristal ainsi brille de mille éclats. Puissent-ils lever leurs yeux pour mieux nous voir ici-bas. Je ne suis qu’une mauvaise herbe. Dans le tréfonds de toute âme, il y a ce même cristal, ignoré, rejeté, balayé avec des regards pleins de morgue. Pourtant, sa pureté est sacrée et n’attend qu’une chose, un geste, un Elan pour enfin s’élever à la lumière comme un rosier s’élève dans une prairie de chardons et d’orties. Je ne suis qu’une mauvaise herbe. Regardez d’où je viens et dans ce chœur de ma naissance vous entendrez la puissance de l’hymne. Jusqu’au plus noir de vos guerres, je saurai trouver le moment pour sortir à la liberté, et nous sortirons toutes ensemble et à jamais pour l’Eternité.

 

M.L.

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